Certains Camerounais pensent qu’il s’agit d’un acharnement contre ces églises, d’autres estiment que les mesures du gouvernement contre ces officines sont opportunes.
Le révérend-pasteur Franklin Yebga de la "Mission de sainteté africaine" anime au quotidien une émission évangélique sur les antennes d’une radio privée à Yaoundé. Un programme dans lequel il met en lumière "ce qui est caché derrière le Covid-19".
Au lendemain du communiqué du ministre Paul Atanga Nji sur les "dérives des églises pentecôtistes contre la propagation du Covid-19", ce prédicateur ne décolère pas.
"On veut nous imposer dans une pensée unique, vous êtes d’accord ça va, si vous n’est pas d’accord, vous ne faites pas partie des bons citoyens", tempête-t-il.
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"Imposer une pensée unique"
Ce pasteur, qui cumule 25 ans de ministère et coiffe une trentaine de chapelles sur l’ensemble du territoire national, dénonce une théorie du complot.
"Il y a environ 58 millions de morts par an dans le monde. Actuellement nous sommes à environ deux millions de morts des suites de Covid-19. Au Cameroun, on parle de 588 morts environs, soit 0,02% par rapport aux décès consécutifs aux graves maladies", affirme-t-il.
D’ailleurs, ajoute-t-il, le gouvernement ferait mieux de se pencher sur "d’autres problèmes, comme l’accès à l’eau que de nous imposer une pensée unique".
Le rejet des mesures barrières que le ministre de l’administration attribue aux évangéliques du Cameroun n’est pas qu’une affaire des églises pentecôtistes, souligne pour sa part Dr Tsala Essomba de l’église "Va et raconte". Une des figures de proue du pentecôtisme au Cameroun, il draine des foules immenses à Yaoundé.
"Le ministre doit également publier un communiqué pour les gens qui sont dans les bars, les marchés, tous les jours. Je ne vois personne y porter le masque", confie-t-il à VOA Afrique.
"Le pasteur qui s’élève pour dire que le coronavirus n’existe pas, je pense qu’il est en train d’amener ses fidèles dans la perdition, le ministre a vraiment raison de dire que leur église sera fermée", soutient Rose Mbappe, une commerçante du marché Mokolo à Yaoundé.
Clarisse Mbarga, une croyante catholique, approuve le ton du gouvernement contre certaines églises pentecôtistes: "le Covid-19 existe, un pasteur ne peut pas dire qu’il va bénir l’eau et que ça soigne, les gens doivent aller à l’hôpital".
D'autres Camerounais estiment cependant que la méthode du ministre de l’Administration territoriale n’est pas bonne.
"Fermer tout de suite ces églises serait un peu être sévère, l’Etat a d’abord un devoir de sensibilisation et d’information, sinon on pourrait avoir l’impression que l’Etat a un problème autre avec ces églises", analyse Albert Asan, un jeune cadre du secteur privé. "Ce sont des Camerounais qui sont aussi membres de ces églises et ils ont le droit de louer librement leur Dieu", conclut-il.
On estime à un peu plus de deux millions, le nombre des Camerounais membres des églises dites pentecôtistes.
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