Fifa: Entre Afrique et procédures, sprint final pour les candidats

Le candidat à la présidence de la FIFA le Prince Ali Al Hussein de Jordani s'exprime dans la salle de presse à Genève, Suisse, le 11 février 2016. REUTERS/Pierre Albouy - RTX26GNA

A deux jours de l'élection à la présidence de la Fifa, le duel Salman-Infantino se précise avec l'Afrique comme terrain de chasse alors que le Prince Ali a échoué dans son activisme procédural après le rejet de son recours par le TAS.

Dans un entretien accordé à l'AFP mercredi, le secrétaire général de l'UEFA Gianni Infantino a assuré avoir "des raisons d'être encore plus confiant" après avoir "parcouru l'Afrique", qui s'annonce comme le véritable juge de paix du scrutin.

"Les discussions que j'ai pu avoir avec les présidents de fédérations africaines ont été très concluantes", a-t-il ajouté.

Bluff, ou véritable pierre dans le jardin du Cheikh Salman Bin Ebrahim Al Khalifa ? C'est en effet le patron de la Confédération asiatique (AFC) qui avait reçu le 5 février le soutien du Comité exécutif de la Confédération africaine (CAF).

Sur la défensive, le Bahreïni a dû faire face à diverses accusations mercredi. Déjà pointé du doigt par des organisations de défense des droits de l'Homme pour son rôle supposé dans la répression du soulèvement démocratique en 2011 au Bahrein, il est cette fois pris pour cible pour de présumés achats de voix au moment de son accession à la présidence de l'AFC en 2013.

Damian Collins, député britannique conservateur, a évoqué mardi soir à la Chambre des Communes de "fortes suspicions" pesant sur le vote du Kirghizistan en sa faveur lors du Congrès de la Confédération asiatique, en échange d'"une aide financière significative" pour des projets sportifs.

Un porte-parole du dirigeant bahreïni, interrogé par The Times, a affirmé qu'il n'y avait "aucune preuve crédible" derrière ces allégations.

- Grandes manoeuvres -

Pendant ce temps, les candidats mineurs essayent d'occuper le terrain sur le plan procédural. Mais ils ont enregistré une défaite après le rejet par le Tribunal arbitral du Sport (TAS), plus haute juridiction sportive, de la demande du Prince jordanien Ali, soutenue par le Français Jérôme Champagne, d'installer des isoloirs transparents.

Le Prince Ali a "regretté" cette décision, qui confirme donc la tenue du Congrès électif vendredi.

A 48 heures de l'échéance, les grandes manoeuvres ont en tout cas débuté à Zurich en vue de l'élection. Une réunion du Comité exécutif a démarré mercredi et celui-ci a adopté à l'unanimité le train de réformes qui sera soumis au vote du Congrès vendredi matin. Parmi celles-ci figure la limitation à 12 ans du cumul des mandats du futur président, alors que Blatter, réélu en mai pour un cinquième mandat, a régné durant 17 ans sur le football mondial.

Autre sujet sensible : l'Indonésie et le Koweït seront a priori privés de vote vendredi, le gouvernement de la Fifa ayant recommandé au Congrès de reporter au mois de mai l'examen de leur suspension. Si le Congrès suit le Comité exécutif, le nombre de fédérations participant à l'élection du président passerait de 209 à 207, l'absence de ces deux représentants asiatiques pouvant pénaliser le Cheikh Salman.

- Blatter et Platini : l'attente -

Cette réunion du gouvernement de la Fifa sera suivie jeudi par celles des six confédérations continentales qui permettront d'acter définitivement les consignes de vote. Pour l'instant, Salman est appuyé par l'Asie et l'Afrique, Infantino par l'Europe et l'Amérique du Sud, ainsi que l'Amérique centrale (l'Uncaf, regroupant sept fédérations). Les autres fédérations membres de la Concacaf (Amérique du Nord et Caraïbes) ainsi que l'Océanie n'ont pas encore officialisé leurs préférences.

Selon un décompte réalisé par l'AFP sur les intentions de vote exprimées par 100 des 209 fédérations membres de la Fifa, Infantino est en tête (68) devant le Cheikh Salman (28), les trois autres candidats en lice, le Prince Ali (4), l'homme d'affaires sud-africain Tokyo Sexwale (0) et le Français Jérôme Champagne (0) semblant condamnés à un rôle de figurants.

En marge de l'élection, le président démissionnaire de la Fifa Joseph Blatter et le patron de l'UEFA Michel Platini, les deux hommes les plus puissants de la planète football avant leur suspension de huit ans, attendent toujours de connaître la décision en appel de la Fédération internationale, une semaine après leurs auditions.

Le Suisse et le Français sont engagés dans un marathon juridique après être tombés en raison du paiement controversé de 1,8 million d'euros de Blatter à Platini en 2011, pour un travail de conseiller achevé depuis 2002. Selon eux, ce versement constituait le solde de la rémunération pour la mission réalisée par le triple Ballon d'Or auprès du président de la Fifa entre 1999 et 2002, sur la base d'un accord oral.

La sentence en appel de la Fifa constitue une étape clef puisqu'en cas d'échec, Blatter et Platini n'auront plus que la saisine du TAS pour espérer être blanchis ou voir leurs sanctions réduites.

Avec AFP