Michel Platini a décidé de boycotter son audition prévue vendredi à Zurich devant la justice interne de la Fifa, "dès lors que le verdict a déjà été annoncé dans la presse par un des porte-parole" au "mépris de la présomption d'innocence", ont indiqué ses avocats dans un communiqué transmis mercredi 16 décembre à l'AFP.
La radiation à vie du monde du foot a été requise contre Michel Platini pour ce fameux paiement controversé de 1,8 M EUR en 2011 - sans contrat écrit - par Sepp Blatter, président démissionnaire de la Fifa qui sera lui entendu jeudi. Le verdict de la justice interne de la Fifa est attendu à partir de lundi.
"Par cette décision (boycotter son audition, ndlr), Michel Platini entend signifier sa plus profonde indignation face à une procédure qu'il considère comme uniquement politique et visant à l'empêcher de se présenter à la présidence de la Fifa", poursuivent ses conseils.
Le président de l'UEFA a été suspendu par la commission d'éthique de la Fifa le 8 octobre pour 90 jours, soit jusqu'au 5 janvier. Sa candidature à la présidence de la Fifa est gelée le temps de sa suspension, alors que le scrutin est prévu le 26 février à Zurich.
Une suspension pour plusieurs années ?
Quand Platini évoque un "verdict déjà annoncé dans la presse", il se réfère aux propos d'Andreas Bantel, porte-parole de la chambre d'instruction de la Fifa, qui a déclaré vendredi dernier : "Platini sera certainement suspendu pour plusieurs années".
Ces propos sont apparus quelques heures sur le site internet de Lequipe.fr, puis édulcorés ensuite. M. Bantel s'est plaint samedi auprès de l'AFP de la publication d'une "interview non autorisée". Il a ensuite fait savoir à l'AFP qu'en tant que porte-parole des instructeurs de la Fifa, il avait le droit de donner son avis sur des sanctions possibles.
"M. Platini explore toutes les suites, y compris judiciaires, à donner aux propos tenus par Monsieur Andreas Bantel", écrivent mercredi les avocats de l'ancien N10, qui, eux, se rendront bien vendredi à l'audience de la justice interne de la Fifa à Zurich.
Avant que l'ex-triple Ballon d'Or ne prenne sa décision, la chambre de jugement de la commission d'éthique de la Fifa avait déjà fait savoir à l'AFP qu'en cas de boycott de l'audience "Monsieur Platini manquerait la possibilité de présenter lui-même son point de vue sur les thèmes concernés". Et de conclure que la "chambre de jugement de la commission d'éthique traitera le cas présent, comme toute autre procédure, indépendamment et sans préjugé", selon son porte-parole Marc Tenbücken.
Enquête "précipitée et à charge"
Par ailleurs, les avocats de Platini assurent que "l'enquête a été conduite de façon précipitée et à charge, mais également que celle-ci n'est manifestement pas achevée (puisque) que de nouvelles investigations étaient en cours".
L'ancien secrétaire général de l'UEFA Gerhard Aigner a ainsi reconnu auprès la chambre de jugement de la Fifa être l'auteur de la fameuse note interne de son ancienne instance en 1998, apparue récemment dans ce dossier, selon des sources proches du dossier. Or Aigner avait précédemment douté de l'existence de cette pièce.
Ce document évoque Platini comme d'un futur "employé" de la Fifa, ce qui est mis en avant par la défense du Français comme la "preuve écrite d'un contrat oral" entre Blatter et l'ancien meneur des Bleus.
"Aucun commentaire" a déclaré auprès de l'AFP Marc Tenbücken interrogé par l'AFP mercredi sur les derniers développements autour d'Aigner et la note.
Avec AFP