Soupçons de corruption dans l'attribution du Mondial 2006

L'équipe du Togo fête un premier but contre la Corée du sud lors de la coupe du monde à Frankfort, le 13 juin 2006.

L'enquête sur des soupçons de corruption dans l'attribution du Mondial 2006 à l'Allemagne s'étend désormais à la Fifa, à travers son ancien secrétaire général, le Suisse Urs Linsi, visé par des perquisitions.

Quatre personnages étaient jusqu'ici cités dans l'enquête ouverte en novembre 2015 par la justice suisse sur des soupçons d'escroquerie et de blanchiment d'argent: Franz Beckenbauer, en qualité de président du comité de candidature de l'Allemagne au Mondial-2006, Theo Zwanziger, ex-président de la Fédération allemande (DFB), Wolfgang Niersbach, son successeur qui a depuis démissionné et a été suspendu par la Fifa, et Horst Rudolf Schmidt, ancien vice-président du comité d'organisation du Mondial.

Un cinquième personnage apparaît désormais dans l'enquête: Urs Linsi, secrétaire général de la Fifa de juin 1999 à juin 2007, a annoncé mercredi le Ministère public de la Confédération (MPC), dans un communiqué transmis à l'AFP.

Des perquisitions ont été effectuées le 23 novembre "avec le soutien de la Police fédérale dans différents endroits de Suisse alémanique (...) en lien avec Urs Linsi", a expliqué le MPC.

Le ministère rappelle que dans l'enquête ouverte il y a un an, "les suspects étaient membres du comité d'organisation du Mondial-2006". "Un nouveau suspect est Urs Linsi, qui était à l'époque secrétaire général de la Fifa", a-t-il précisé.

Interrogée, la Fifa a eu cette réponse brève: "Etant donné que l'enquête est en cours, la Fifa ne fait aucun commentaire".

L'affaire avait démarré fin octobre 2015 lorsque le magazine allemand Der Spiegel avait accusé l'Allemagne d'avoir utilisé un fonds secret de 10 millions de francs suisses (6,7 millions d'euros au taux de change de l'époque) pour acheter des voix et obtenir l'organisation de ce Mondial.

Ce fonds aurait été alimenté, à la demande de Franz Beckenbauer, par l'ancien patron d'Adidas, le défunt Robert Louis-Dreyfus, peu avant l'été 2000, période à laquelle s'est faite l'attribution de la Coupe du monde 2006.

En tant qu'entreprise allemande et partenaire de la Fédération allemande, Adidas avait un intérêt économique à ce que le Mondial soit organisé en Allemagne afin de profiter des retombées.

Le communiqué du parquet suisse, qui évoque la somme de 6,7 millions d'euros, fait donc écho à ces soupçons, et aux révélations faites en mars par le rapport Freshfields.

La justice allemande enquête également et a procédé en novembre 2015 à des perquisitions au siège de la DFB et aux domiciles de plusieurs de ses dirigeants.

Secrétaire général de la Fifa de juin 1999 à juin 2007, M. Linsi occupe actuellement un poste de président dans une banque de Zurich.

Selon la lettre d'informations financières Inside Paradeplatz, publiée à Zurich, la direction de la banque où travaille M. Linsi a dans un courrier du 24 novembre, informé son personnel qu'elle "autorise M. Linsi à se mettre en disponibilité de façon provisoire et à sa demande".

Selon des sources concordantes, M. Linsi avait obtenu de la Fifa à son départ en 2007 une somme de 8 millions de francs suisses (7,4 millions d'euros), en guise de parachute doré.

La Fifa dont l'Italo-Suisse Gianni Infantino a pris la présidence en février dernier, a adopté des réformes pour tenter de sortir de la vaste crise de corruption qui l'a affaiblie.

Outre les soupçons dans l'attribution du Mondial-2006, des enquêtes ont également été ouvertes autour de soupçons de corruption dans l'attribution des Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar.

Le plus gros scandale de corruption a éclaté en mai 2015 quand à la demande de la justice américaines, plusieurs hauts responsables de la Fifa ont été interpellés à Zurich avant d'être extradés aux Etats-Unis pour y être jugés.

L'ex-président Sepp Blatter, contraint à la démission, a de son côté été suspendu par la Fifa et est également visé par une enquête de la justice suisse, tout comme son ex-secrétaire général, le Français Jérôme Valcke, suspendu puis licencié.

Avec AFP