Fin de la famine au Soudan du Sud

Des déplacés dans la base de l'ONU de Bentiu, au Soudan du Sud, le 29 juin 2015.

La famine déclarée il y a quatre mois au Soudan du Sud est terminée, ont annoncé mercredi des agences onusiennes, qui soulignent pourtant que le nombre de gens affamés n'a jamais été aussi élevé dans ce pays en guerre civile.

"La définition technique de la famine ne s'applique plus dans les comtés de Leer et Mayendit, dans l'ancien État d'Unité (Nord), où la famine avait été déclarée en février", ont indiqué dans un communiqué commun le Fonds de l'ONU pour l'enfance (Unicef), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Mais s'il n'y a techniquement plus de famine au Soudan du Sud, grâce à la "hausse importante" des efforts humanitaires, le nombre de personnes en situation d'insuffisance alimentaire est passé de 4,9 millions en février à 6 millions en juin, observent les agences de l'ONU.

Il s'agit du "niveau d'insécurité alimentaire le plus élevé jamais expérimenté au Soudan du Sud", notent-elles en relevant que le nombre de personnes en situation d'urgence alimentaire, le niveau précédant celui de famine, est passé de 1 million en février à 1,7 million.

Le 20 février, le gouvernement sud-soudanais et l'ONU avaient déclaré l'état de famine dans les comtés de Leer et Mayendit, les Nations unies évaluant à 100.000 le nombre de personnes directement concernées.

L'ONU considère que la famine n'est pas d'origine climatique dans ce pays, mais est "causée par l'homme". Plus jeune nation au monde, le Soudan du Sud a plongé dans la guerre civile en décembre 2013, deux ans et demi après son indépendance du Soudan en juillet 2011.

Le terme famine est employé dans le cadre d'un système mondial de classification, l'échelle IPC, élaboré par plusieurs agences humanitaires. Pour l'IPC, la famine est déclarée dès lors que plus de 20% de la population d'une région a un accès très limité à la nourriture de base, que le taux de mortalité est supérieur à deux personnes pour 10.000 par jour et qu'une malnutrition aiguë touche plus de 30% de la population.

"La crise n'est pas finie. Nous ne faisons que maintenir les gens en vie, mais de trop nombreuses personnes sont au bord du gouffre en situation de faim extrême", a souligné Dominique Burgeon, directeur des urgences pour la FAO.

"La seule façon d'en finir avec cette situation désespérée est d'arrêter le conflit, d'assurer un accès sans restriction (aux humanitaires) et de permettre aux gens de reprendre leur vie normale", a-t-il ajouté.

"Les améliorations enregistrées dans les comtés affectés par la famine montrent ce qui peut être fait quand une aide durable atteint les familles. Mais le travail est loin d'être fini", a renchéri Joyce Luma, la représentante du PAM au Soudan du Sud.

"C'est une crise qui continue de s'aggraver avec des millions de gens menacés par la famine si l'aide humanitaire cesse. La fin du conflit est impérative", a-t-elle estimé.

La guerre civile au Soudan du Sud a fait des dizaines de milliers de morts et contraint plus de 3,7 millions de personnes à fuir leur foyer.

Avec AFP