Mise en examen de Sarkozy dans l'affaire des soupçons de financement libyen

Nicolas Sarkozy, lors d'un rassemblement de son parti aux Sables d'Olonne, France, le 1er octobre 2016.

L'ex-chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy a été inculpé mercredi soir dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne électorale pour la présidentielle de 2007.

M. Sarkozy, qui nie les faits qui lui sont reprochés, a été mis en examen pour "corruption passive", "financement illégal de campagne électorale" et "recel de fonds publics libyens" et placé sous contrôle judiciaire, a précisé cette source.

"La garde à vue de Nicolas Sarkozy est terminée", a déclaré une des deux sources proches du dossier consultées par l'AFP, sans préciser les éventuelles suites judiciaires décidées par les magistrats.

M. Sarkozy peut être remis en liberté, présenté à un juge en vue d'une éventuelle mise en examen ou convoqué ultérieurement.

L'ex-président était arrivé peu avant 08H00 (07H00 GMT) à l'office anticorruption à Nanterre, près de Paris, selon des sources proches du dossier. Mardi, son audition entamée dans la matinée avait été interrompue vers minuit.

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Egalement entendu, mais sous le statut de "suspect libre", Brice Hortefeux, un proche de l'ex-président qui occupa plusieurs postes ministériels pendant son quinquennat (2007-2012), avait été entendu mardi à l'office anticorruption.

"M. Hortefeux a de nouveau assuré qu'il n'y avait pas eu de financement en provenance de Libye ou de quelque pays étranger. En répondant aux nombreuses questions qui lui ont été posées, il a démenti les erreurs et rumeurs qui ont couru sur cette affaire", a déclaré à l'AFP son avocat, Jean-Yves Dupeux.

Cette nouvelle étape dans un dossier instruit par des magistrats du pôle financier depuis près de cinq ans, marque un "retour aux affaires" de Nicolas Sarkozy mais à la rubrique judiciaire, a titré le quotidien Libération mercredi. Son confrère Le Parisien a parlé du "'cadeau' posthume de (Mouammar) Kadhafi".

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Depuis la publication, en mai 2012, par le site d'informations Mediapart d'un document libyen - attribué à l'ex-chef des renseignements Moussa Koussa - accréditant un financement d'environ 50 millions d'euros, pour permettre notamment à la Libye de sortir de son isolement diplomatique, les investigations des juges ont considérablement avancé.

Plusieurs protagonistes du dossier, dont plusieurs ex-responsables libyens, ont accrédité la thèse de versements illicites. Le sulfureux homme d'affaires Ziad Takieddine a lui-même assuré avoir remis entre fin 2006 et début 2007 trois valises contenant 5 millions d'euros venant du régime de Kadhafi à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et à son directeur de cabinet, Claude Guéant.

L'ancien chef de l'État a toujours rejeté ces accusations.

Circulation d'argent liquide

Les magistrats ont-ils rassemblé de nouveaux éléments pouvant mettre en cause directement l'ancien chef de l'Etat?

Pendant sa garde à vue, Nicolas Sarkozy est susceptible d'avoir été interrogé sur les différents délits visés par l'enquête. Ouverte notamment pour "détournements de fonds publics" et "corruption active et passive", l'enquête a été élargie en janvier à des soupçons de "financement illégal de campagne électorale".

Cet élargissement fait suite à un rapport de l'office anticorruption, daté de septembre, qui évoque une circulation importante d'espèces dans l'entourage du candidat du parti UMP durant la campagne pour la présidentielle de 2007. "Tout le monde venait chercher son enveloppe", a relaté une ex-salariée, selon ce rapport dont l'AFP a eu connaissance, doutant qu'une distribution aussi massive ait pu se faire sans que Nicolas Sarkozy ait été au courant.

Les investigations ont aussi mis en lumière un virement de 500.000 euros perçu par Claude Guéant en mars 2008, en provenance d'une société d'un avocat malaisien. L'ex-secrétaire général de l'Élysée a toujours affirmé qu'il s'agissait du fruit de la vente de deux tableaux, sans convaincre les juges qui l'ont mis en examen notamment pour "blanchiment de fraude fiscale en bande organisée".

Les juges s'interrogent également sur la vente suspecte en 2009 d'une villa à Mougins (sud-est de la France) à un fonds libyen géré par Bachir Saleh, ancien argentier de Kadhafi. Ils soupçonnent l'homme d'affaires Alexandre Djouhri d'avoir été derrière plusieurs prête-noms le véritable propriétaire du bien et de l'avoir cédé pour 10 millions d'euros, soit plus du double du prix du marché. Une transaction qui aurait pu être effectuée pour dissimuler d'éventuels versements occultes.

L'enquête a connu un rebondissement important en janvier avec l'arrestation à Londres d'Alexandre Djouhri, qui devrait être fixé sur son éventuelle extradition en juillet.

Avec AFP