La Confédération africaine de football (CAF) est depuis vendredi la première instance continentale à approuver officiellement l'idée controversée d'une Coupe du monde tous les deux ans, sur le même rythme que sa Coupe d'Afrique des nations (CAN).
A l'unanimité, les patrons des 54 fédérations nationales de foot d'Afrique ont voté "oui" à la "décision du Congrès de la Fifa de mener une étude de faisabilité" pour une Coupe du monde biennale, au lieu de l'habituel rythme quadriennal.
Tous ont levé leurs cartons verts en présence des plus hauts dirigeants de la Fifa, l'instance dirigeante du football mondial, qui avaient longuement plaidé au préalable pour ce changement de calendrier lors de la 13ème assemblée générale extraordinaire de la CAF à son siège au Caire.
La CAF a aussi voté en faveur d'une Super Ligue des clubs africains pour "améliorer la qualité du football africain et générer des revenus pour tous les clubs, qu'ils y participent ou pas", a assuré Patrice Motsepe. Mais le patron de la CAF, interrogé à ce sujet, a refusé de donner une composition, un calendrier ou tout autre détail.
Le foot continental sera déjà à l'honneur en janvier avec la CAN en janvier pour laquelle l'hôte, le Cameroun, "est prêt à 95%", a assuré M. Motsepe, y invitant tous les chefs de fédérations africaines même si la CAF a récemment adressé des remontrances à Yaoundé.
Ces votes interviennent à moins d'un mois d'un sommet virtuel convoqué par la Fifa, pour discuter le 20 décembre (sans vote) de sa proposition de Mondial biennal, qui se heurte à de très nombreuses réticences, principalement en Europe.
L'Amérique du Sud contre
Entre milliards d'euros de manque à gagner --selon un rapport commandé par l'UEFA-- et menaces "d'actions" venues de fédérations nordiques, les oppositions se sont multipliées depuis que la Fifa a rendu publique son ambition.
L'UEFA, la Confédération sud-américaine de football, le Forum des ligues mondiales et la puissante Association européenne des clubs ont lancé leur bataille pour éviter de surcharger un calendrier déjà extrêmement dense.
Mais le patron de l'instance, Gianni Infantino, qui rêve de lancer son Mondial biennal à partir de l'édition 2028, peut compter sur le soutien de confédérations moins dominantes dans le football planétaire.
Sur le papier, le projet promet de distribuer plus de revenus aux fédérations, un argument particulièrement séduisant pour les instances africaines ou asiatiques, plus dépendantes de cette manne que le prospère football européen.
La Coupe d'Afrique des nations se tient elle, déjà, tous les deux ans, lors des années impaires depuis 2013 pour éviter justement de coïncider avec les années de Coupe du monde.
De son côté, l'Amérique du Sud s'est rapidement élevée contre une idée qui selon elle "tourne le dos à près de 100 ans de tradition du football mondial", malgré la campagne de séduction menée par la Fifa sur le continent.
Le format du Mondial a déjà été modifié récemment, puisque 48 équipes dont neuf issues de la zone africaine participeront au tournoi masculin en 2026, contre 32 actuellement.
Retombées commerciales et médiatiques
Le projet de Super Ligue africaine existe depuis plusieurs années, porté notamment par M. Infantino.
Le président de la Fédération sénégalaise, Augustin Senghor, premier vice-président de la CAF, est l'un de ses plus fervents partisans.
"Je pense que la Ligue des champions africaine doit être réservée à une élite qui se dégage sur le terrain, avec des clubs qui ont les moyens de leur politique, capables de développer leur propre image marketing et qui ont derrière assez de base populaire pour pouvoir être attractifs au niveau commercial", expliquait-il à l'AFP en janvier, quand il était encore en campagne pour la présidence de la CAF.
Il imaginait "une compétition sur toute l'étendue du continent, suivie, organisée et conçue comme un produit, on pourrait la vendre aux firmes du monde entier, et aussi signer des accords avec des grandes chaînes de télés du monde pour augmenter sa valeur".
Dans son esprit, cette Super Ligue devait être transitoire.
Elle compterait toutefois des clubs attrayants, comme Al-Ahly, poids lourd du foot égyptien, qui a déjà remporté dix C1, notamment en 2020 et 2021.
Avant lui des clubs d'Afrique du Nord ont aussi soulevé le trophée, le Wydad de Casablanca en 2017 et l'Espérance de Tunis en 2018 et 2019.
L'Afrique subsaharienne ne l'a elle plus gagnée depuis le Tout Puissant Mazembe en 2015, et l'Afrique du Sud en 2016, avec les Mamelodi Sundowns, le club du nouveau président de la CAF, Patrice Motsepe.