Formation sur les litiges fonciers au Cameroun

Les participants au module de formation des experts fonciers de demain, à Yaoundé, le 12 juin 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Au Cameroun, les défis du foncier préoccupent les jeunes chercheurs. Les statistiques des organismes de la société civile montrent que plus de la moitié des audiences en justice concerne les litiges fonciers.

Une vingtaine de jeunes chercheurs, francophones et anglophones, viennent d’achever une session spéciale de formation et de renforcement de leurs capacités sur le sujet.

Ces jeunes chercheurs ont formé un groupe nommé, "les experts fonciers de demain" et travaillent sur l’accès à la terre au Cameroun et les conflits qui en découlent.

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Formation sur les litiges fonciers au Cameroun

"Mon thème porte sur l’accès des femmes rurales à la propriété foncière, le cas du village Baigom dans le département du Noun", explique à VOA Afrique Aude Pasma Ndjamdouké, étudiante en master géographie à l’université de Yaoundé 1. Ses recherches sur le foncier concernent un village de la région de l’Ouest.

"Baigom est un village qui attire beaucoup de convoitises, c’est une mamelle nourricière à cause de la richesse de son sol", souligne l'étudiante. "Ce sont les femmes qui utilisent le plus ces terres pour faire des cultures. Malheureusement, en tant qu'utilisatrices, elles ne peuvent pas posséder ces terres, ce qui constitue un frein pour le développement local".

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Dans région du Sud-Ouest en zone anglophone, on a enregistré dès 2013, l’un des plus grands conflits fonciers du Cameroun.

Les populations locales se sont soulevées contre l’implantation de l’agroindustrie. Herakles Farms, accusé d’exploitation illégale du bois après accaparement des terres, avait pourtant obtenu de l’Etat une surface de 70.000 hectares pour la production d’huile de palme.

Linda Douanla, étudiante et s’intéresse à l’accaparement des terres par les agro-industriels au Cameroun, à Yaoundé, le 12 juin 2019. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Linda Douanla, étudiante en master a côtoyé les riverains de ce projet : "le gouvernement a établi des politiques et des lois qui ne sont pas nécessairement avantageuses ou adaptées aux populations".
Selon elle, "les populations ont leurs propres coutumes, traditions qui concernent les questions foncières, et c’est très différentes de ce que le gouvernement dit. Sur le terrain, il n’y a pas de concordance de points de vue".

Avec les "experts fonciers de demain", la société civile espère une meilleure appropriation des enjeux.

Comme le souligne Samuel Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l’environnement et le développement : "la complexité du foncier ne peut être atténuée que par le recours à des disciplines différentes".

"Dans notre système éducatif, on est habitué au cloisonnement et on arrive difficilement à formuler une législation qui corresponde aux attentes de tous les acteurs que l’on a sur le territoire", explique-t-il.

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Il souligne qu'il est "plus utile de comprendre qu’ il y’a d’autres disciplines qui s’intéressent au foncier, et qui peuvent éclairer votre compréhension du foncier à partir de votre discipline".

Un complément de formation appréciée par les jeunes chercheurs réunis à Yaoundé. "C’est vraiment une séance très riche. Ça nous permis de comprendre que la question foncière n’est pas seulement géographique".

"Nous avons des disciplines comme l’anthropologie, la sociologie... La loi foncière est aussi très importante et doit être considérée pour avoir une approche effective et solutionner la question foncière au Cameroun "