Les Français votaient dimanche pour élire leur prochain président et choisir, comme en 2017, entre Emmanuel Macron, président sortant donné favori, et Marine Le Pen, dirigeante d'extrême droite qui n'a jamais paru si proche des portes du pouvoir.
Le taux de participation à 10 heures GMT était de 26,41%, presque deux points de moins qu'à la même heure lors du précédent scrutin présidentiel en 2017, à l'occasion du même duel entre M. Macron et Mme Le Pen, a annoncé le ministère de l'Intérieur.
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Ce chiffre marque également un recul par rapport au deuxième tour des scrutins de 2012 (30,66%) et 2007 (34,11%), et tutoie celui de 2002 (26,19%), quand le candidat d'extrême droite Jean-Marie Le Pen affrontait Jacques Chirac (droite). La participation est en revanche légèrement en hausse par rapport au premier tour il y a deux semaines (25,48%).
Les bureaux de vote - 48,7 millions électeurs sont appelés aux urnes - ont ouvert doivent fermer à 17H00 GMT et à 18H00 GMT dans les grandes villes.
Les Français sont devant un choix historique: reconduire le président sortant ou élire une femme, ce qui serait une première, et propulser ainsi l'extrême droite à l'Elysée pour une déflagration qui résonnerait bien au-delà des frontières hexagonales, comparable au Brexit britannique et à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis en 2016.
Une réélection d'Emmanuel Macron, 44 ans, représenterait la continuité, même si le président candidat a promis de se renouveler en profondeur, assurant vouloir placer l'écologie au cœur de son deuxième - et dernier - mandat.
M. Macron serait alors le premier président français à être réélu pour un second mandat en 20 ans, depuis Jacques Chirac en 2002.
L'arrivée de Marine Le Pen, 53 ans, aux commandes d'une puissance nucléaire, dotée d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et force motrice de l'Union européenne, serait un séisme, d'une magnitude d'autant plus élevée qu'elle s'inscrirait dans le contexte lourd d'une guerre aux portes de l'Europe.
A Ecouter France: le second tour est "un vote de rejet" pour les deux candidats, selon Louis Keumayou"Eviter une guerre civile"
Devant une école à Rennes (ouest), Bernard Maugier, retraité de 76 ans et habitant dans un quartier sensible de la ville, dit avoir voté "pour éviter une guerre civile". "Faut pas se tromper de personne", lâche-t-il, se disant "inquiet" par le résultat de cette élection.
Pierre Charollais, 67 ans, retraité, estime qu'"il y a une situation particulière" dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la présidence française de l'Union européenne. "Il faut faire un vote responsable (...) Il faut quelqu’un qui sache gérer cette situation, qui puisse prendre des décisions importantes". "Entre la peste et le choléra, il faut faire le bon choix", lâche-t-il.
Les derniers sondages publiés vendredi soir, avant l'entrée en vigueur de la période de réserve électorale, donnent Emmanuel Macron favori, au-delà de la marge d'erreur. Mais très loin de son score de 2017 où, au bout d'une ascension météorique, il avait battu sa rivale par 66,1% des voix contre 33,9%, pour devenir, à 39 ans, le plus jeune président de la Ve République.
Vote par "élimination" ou "conviction"
Les programmes des deux candidats sont à l'opposé et proposent une vision radicalement différente sur l'Europe, l'économie, le pouvoir d'achat, les relations avec la Russie, les retraites, l'immigration, l'environnement...
Après un quinquennat émaillé de crises, des "gilets jaunes" au Covid, ce sont deux France qui se font face.
Pour contrer son adversaire, Emmanuel Macron, arrivé en tête au premier tour (27,85%) avec plus de quatre points d'avance, a réactivé le "front républicain" pour faire barrage à l'extrême droite. Qui semble toutefois avoir perdu de sa vigueur par rapport à 2017 et 2002, où Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, avait été largement dominé au second tour par Jacques Chirac.
La candidate du Rassemblement national, pour sa troisième tentative, a misé sur un autre front, le "Tout sauf Macron" dont la portée dans les urnes reste à mesurer.
Dans un quartier aisé de Dijon (est), Morgan Mouiche, 30 ans, dit à sa sortie d'un bureau de vote avoir "voté par élimination".
A l'autre bout de la ville, dans un quartier plus modeste où le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour le 10 avril, Charley Grolleau, 41 ans, reconnaît que son bulletin est allé à "un candidat qui n'est pas parfait". "Mais j'ai voté par conviction. Je ne me voyais pas ne pas aller voter", ajoute-t-il.
Dans l'entre-deux tours, les deux candidats ont courtisé l'électorat de Jean-Luc Mélenchon.
Mais de nombreux sympathisants de son parti, La France insoumise (LFI), pourraient être tentés de bouder les urnes.
Les électeurs seront de nouveau appelés aux urnes les 12 et 19 juin pour les législatives où le nouveau président cherchera à obtenir la majorité nécessaire pour gouverner.