Simone Veil, cinquième femme au Panthéon

Simone Veil devant les parlementaires à Paris le 13 décembre 1974. (AP / Eustache Cardenas)

La France rendait mercredi aux Invalides un hommage national à Simone Veil, femme d'exception de la vie politique française, rescapée de la Shoah, pro-européenne et féministe ardente, décédée le 30 juin à l'âge de 89 ans.

Celle qui fut longtemps la personnalité la plus aimée des Français reposera avec son époux Antoine au Panthéon, nécropole laïque des "grands hommes" français, a annoncé le président Emmanuel Macron pendant son éloge funèbre.

Cette consécration vise à "lui témoigner "l'immense remerciement du peuple français à l'un de ses enfants tant aimés", a déclaré le chef de l'Etat pendant la grande cérémonie solennelle organisée dans la cour d'honneur des Invalides.

Simone Veil rejoindra ainsi 80 des grands noms de l'histoire française - dont les écrivains Victor Hugo (1885), Emile Zola (1908), Alexandre Dumas (2002), le résistant Jean Moulin (1964) ou la scientifique Marie Curie (1995).

Symbole du combat pour l'émancipation féminine, elle sera la cinquième femme accueillie dans ce "temple" de la République situé à Paris. Après son décès, plusieurs pétitions avaient réclamé cette honneur pour cette grande dame qui restera un icône de l'émancipation des femmes et de la construction européenne.

Mercredi matin, la marche funèbre de Chopin a accueilli son cercueil recouvert du drapeau tricolore et porté par des Gardes républicains peu après 10H30 (08H30 GMT). Une heure plus tard, le cortège l'a accompagné au son du Chant des Marais, celui des déportés, en souvenir de son internement au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.

Pendant l'hommage, ses fils, Jean et Pierre-François, ont tour à tour salué la mémoire de cette femme "de caractère", évoquant l'un la "tragédie indélibile" des camps de la mort, l'autre ses "combats" pour la "réconciliation, pour une Europe de paix, de solidarité et de progrès partagé". A son arrivée à l'Académie française, "nous t'avons alors crue immortelle", a rappelé Pierre-François Veil.

Quelque 700 invités parmi lesquels des dizaines de personnalités françaises et étrangères ont assisté à la cérémonie. Etaient notamment présents plusieurs chefs de gouvernement étrangers, dont le Belge Charles Michel, le Luxembourgeois Xavier Bettel et le Bulgare Boiko Borissov, plusieurs anciens présidents français et premiers ministres, ainsi que le gouvernement actuel pratiquement au complet.

L'ex-président français Valéry Giscard d'Estaing, 90 ans, a "regretté", selon son entourage, de ne pouvoir se déplacer. Simone Veil fut son emblématique ministre de la Santé et porta contre vents et marées en 1974 le projet de loi légalisant l'avortement en France.

La famille ayant souhaité que la cérémonie soit ouverte au public, une foule d'admirateurs se pressaient dans les galeries de la cour d'honneur, baignée par un soleil estival.

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Dans l'assistance également: des membres de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah dont Simone Veil fut la première présidente et est restée jusqu'à sa mort présidente d'honneur de l'Union des déportés d'Auschwitz.

A travers toute la France, les drapeaux européens ont été mis en berne sur les édifices publics tandis que les drapeaux français ont été parés d'un crêpe noir.

D'autres hommages émus lui ont été rendus comme au Parlement européen dont elle fut la première présidente élue, en 1979, ou, dans ce même hémicycle de Strasbourg, lors de la cérémonie européenne en mémoire de l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl, autre grand bâtisseur de l'Europe, décédé quinze jours plus tôt.

A l'issue de la cérémonie des Invalides, la dépouille de Simone Veil a été inhumée au cimetière parisien du Montparnasse, au côté de celle de son époux, Antoine Veil, disparu en 2013.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, devait prononcer l'oraison funèbre tandis que, conformément aux souhaits de la défunte, le kaddish, la prière de sanctification généralement prononcée par des membres de la famille, devait être dite.

Avec AFP