France: Hollande joue l'unité et la sécurité, un oeil sur la présidentielle de 2017

Le president Francais Francois Hollande dans son Palais de l'Elysee a Paris, dec. 23, 2015.

Dans une France traumatisée par les attentats de Paris, François Hollande aborde la dernière année pleine de sa présidence en jouant à fond la carte de l'unité nationale et de la sécurité du pays pour préserver ses chances de réélection en 2017

"Déterminé à tout faire pour protéger les Français", le chef de l'Etat socialiste présentera jeudi soir des voeux empreints "de gravité et de solennité" au sortir d'une année 2015 ensanglantée par les tueries de janvier et novembre dans la capitale, selon son entourage.

Il exhortera ses compatriotes à "se rassembler, s'unir et s'accorder face aux périls qui menacent la France", souligne un de ses proches.

Il défendra son projet de graver dans la Constitution le régime d'état d'urgence pour contrer la menace terroriste, ainsi que l'élargissement polémique de la déchéance de nationalité aux binationaux nés français et condamnés pour de tels actes.

Le Parlement sera saisi début février 2016 de cette réforme, solennellement annoncée par M. Hollande au lendemain des attaques jihadistes du 13 novembre qui ont fait 130 morts à Paris, les pires attentats jamais commis en France.

"Il est déterminé à aller jusqu'au bout parce qu'il a l'opinion publique derrière lui", analyse le politologue Jérôme Fourquet, de l'institut de sondages Ifop. Selon lui, une marche arrière du président serait "catastrophique en termes d'image".

Symbolique, l'extension de la déchéance de nationalité, réclamée par l'extrême droite et la majeure partie de l'opposition de droite, est massivement soutenue par près de 9 Français sur 10, selon deux enquêtes publiées cette semaine.

Elle recueille le même assentiment écrasant auprès des sympathisants socialistes mais divise le parti présidentiel, dont nombre d'élus et militants dénoncent avec la gauche radicale une trahison de l'exécutif.

"Une partie de la gauche s'égare au nom de grandes valeurs en oubliant le contexte, notre état de guerre", a rétorqué dimanche le Premier ministre Manuel Valls, récusant que le projet constitue une "remise en cause du droit du sol".

- 'Père de la Nation' -

Après un tournant en 2014, déjà contesté dans son camp, pour réorienter en faveur des entreprises sa politique économique, les détracteurs de François Hollande voient dans son virage sécuritaire de 2015 un calcul politicien.

Ils le soupçonnent de vouloir piéger la droite en la forçant à le soutenir. Certains voient aussi dans ses appels à l'unité nationale une stratégie visant à se poser en meilleur rempart contre la chef de file de l'extrême droite, Marine Le Pen, à la présidentielle.

Toutes les enquêtes d'opinion depuis un an donnent la patronne du Front national (FN) qualifiée pour le second tour en 2017, contribuant à faire du premier round le véritable couperet pour départager ses adversaires de gauche et de la droite classique.

Dans le contexte des attentats, Jérôme Fourquet relativise le scénario d'une "habile manoeuvre" du chef de l'Etat consistant "à piller le portefeuille idéologique" de la droite sur la déchéance de nationalité.

"Si cette idée peut être prêtée à François Hollande, l'intention première était de montrer à la société française qu'il avait pris conscience de la gravité de la menace et qu'il était déterminé à y répondre de la manière la plus ferme: à situation exceptionnelle, remède exceptionnel", estime-t-il.

La posture du "père de la Nation" protecteur a valu au président français une remontée spectaculaire dans les sondages depuis les attaques de novembre, comme après celles de janvier (17 morts) contre le journal Charlie Hebdo, des policiers et des juifs.

Dans la perspective de 2017, "c'est le principal atout dont il dispose dans sa manche, le principal levier sur lequel il peut s'appuyer pour redorer son blason et masquer un bilan qui n'est pas flamboyant", juge M. Fourquet.

Près de quatre ans après son arrivée au pouvoir, l'incapacité de François Hollande à endiguer un chômage campé à plus de 10% - priorité des Français - reste le point noir de sa présidence. Et l'obstacle numéro un à sa candidature à un second mandat.

Avec AFP