Après une première audition dimanche matin qui a tourné court, les enquêteurs ont tenté une nouvelle fois d'interroger le suspect sur son lit d'hôpital, mais ce dernier "refuse toujours de s'exprimer", a indiqué une source judiciaire dimanche en début de soirée.
Les autorités françaises cherchent à établir l'identité de l'assaillant, qui pourrait être Abdallah El-Hamahmy, un Egyptien de 29 ans arrivé en France il y a une semaine avec un visa touristique.
Hospitalisé pour des blessures sérieuses à l'abdomen après avoir été touché par les tirs de riposte d'un militaire, son état s'est nettement amélioré samedi. Il a été placé en garde à vue à l'hôpital et le corps médical a considéré que les auditions étaient "possibles".
Vendredi matin, l'agresseur, armé de deux machettes de 40 cm, s'est précipité sur une patrouille de quatre militaires en criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand, en arabe). Un premier soldat a été légèrement blessé au cuir chevelu, un second a tenté de repousser l'assaillant sans user de son arme, avant de tirer, à quatre reprises, le blessant grièvement.
Le Louvre, musée le plus fréquenté du monde, fermé après l'agression, a rouvert dès samedi. Cette attaque a ravivé de douloureux souvenirs en France, où une série d'attentats djihadistes ont fait 238 morts en 2015 et 2016, et qui vit sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence depuis quinze mois.
Plusieurs mystères demeuraient dimanche: l'homme hospitalisé est-il effectivement El-Hamahmy et, le cas échéant, quelles sont les motivations de ce jeune homme apparemment sans histoires, diplômé en droit et cadre commercial dans une entreprise aux Emirats arabes unis ?
'L'attente de l'ADN'
A Paris, c'est le parcours d'un solitaire qui se dessine: rien ne montre pour le moment qu'il ait eu des contacts avec des complices.
Il est entré légalement en France le 26 janvier, avec un visa touristique, par un vol en provenance de Dubaï, avant de séjourner dans un appartement proche des Champs-Elysées, a révélé vendredi le procureur de Paris, François Molins.
Le voyage était préparé de longue date: selon une source proche de l'enquête, l'appartement au tarif de 1.700 euros avait été réservé en ligne en juin, soit bien avant la demande de visa touristique déposée fin octobre, sous le nom d'Hamahmy.
Si ce nom apparaît aussi sur le permis de conduire de l'assaillant délivré aux Emirats en 2011, cette identité doit encore être confirmée par des tests ADN.
Pour ce faire, selon la même source, les enquêteurs français se sont mis en rapport avec les services spécialisés égyptiens. Des contacts vont être pris aussi avec les Emirats et la Turquie, le passeport au nom d'Hamahmy contenant deux visas pour ce pays en 2015 et 2016.
Par ailleurs, aucune marque d'allégeance à un groupe djihadiste n'a été retrouvée lors de la perquisition dans l'appartement qu'il a loué en ligne, près de la prestigieuse avenue des Champs-Elysées, mais les enquêteurs cherchent à faire parler le téléphone et la tablette qu'ils ont saisis.
Ils s'intéressent aussi à des tweets postés en arabe, quelques minutes avant l'attaque, sur un compte au nom de Abdallah El-Hamahmy et où il semble apporter son soutien au groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui continue de menacer la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale en Irak et en Syrie.
Si le "caractère terroriste" de l'attaque "ne fait guère de doute" pour le président François Hollande, le père d'Abdallah El-Hamahmy, un haut gradé de la police égyptienne à la retraite, a dit son incrédulité à l'AFP, affirmant que son fils n'avait montré aucun signe de radicalisation.
Il a décrit un jeune directeur commercial de Charjah, aux Emirats, parti "en voyage d'affaires" à Paris et dont l'épouse, enceinte, se trouverait actuellement en Arabie Saoudite avec leur fils de sept mois. Il a indiqué être sans nouvelles de lui depuis vendredi.
Avec AFP