Alors que la contestation entre dans son deuxième mois, l'enjeu des détracteurs du projet de loi est de maintenir la mobilisation malgré les vacances scolaires qui concernent deux tiers de la France.
Plus de 200 rassemblements sont prévus partout en France, sous haute surveillance policière, en raison des violences qui ont émaillé les précédentes journées d'action.
"Peuple insoumis / Debout!", "Le travail (ce n'est) plus la santé" et "La loi ne passera pas", clamaient les bannières déployées à Srasbourg, où une manifestation matinale a rassemblé 1.350 personnes selon la police.
Surveillés par un important dispositif policier, une centaine de jeunes se sont rassemblés dans le calme sur une place de l'ouest de la capitale, en attendant le départ à 12H00 GMT de la manifestation parisienne.
Depuis le 9 mars, les partisans d'un retrait du texte ont organisé cinq journées d'action, deux à l'appel des syndicats de salariés, étudiants et lycéens et trois uniquement des organisations de jeunes.
La dernière journée unitaire, le 31 mars, a réuni entre 390.000 et 1,2 million de manifestants à travers la France, soit près du double de celle du 9.
En revanche, les cortèges du 5 avril, à l'appel des seuls mouvements de jeunes, ont marqué des signes d'essouflement avec une mobilisation en baisse. Des violences avaient entaché la journée, marquée par 177 interpellations.
En organisant cette fois la mobilisation un samedi, les syndicats espèrent "élargir le mouvement aux familles, à toutes les populations qui ne sont pas forcément en capacité de se mobiliser la semaine", indique Virginie Gensel, membre de la direction du syndicat contestataire CGT.
'Reprendre son destin en main'
En soirée, ce sont les rassemblements citoyens "Nuit Debout", prévus dans près de 60 villes françaises, qui prendront le relais. Depuis le 31 mars, le mouvement s'est réuni tous les soirs sur la place de la République à Paris et a essaimé en province, et même à Bruxelles.
Il dépasse largement les seuls opposants à la loi sur le travail: réfugiés, mal-logement, précarité, exercice de la démocratie, tout y est débattu.
"Aujourd'hui, on n'a plus confiance dans nos représentants, le système est à bout de souffle, il faut que les gens reprennent leur destin en main", estimait Thierry, un professionnel de l'audiovisuel qui a participé à la première "Nuit Debout" organisée à Nice (sud-est) vendredi soir.
Pour William Martinet, président du premier syndicat étudiant, l'Unef, la journée de samedi sera "déterminante" et il faut que les jeunes restent "mobilisés".
L'Unef et les autres organisations étudiantes et lycéennes - qui réclament des mesures contre la précarité grandissante des jeunes - seront reçues lundi matin par le Premier ministre Manuel Valls, après l'avoir été déjà mercredi par plusieurs ministres
Après la première journée de manifestations, le gouvernement socialiste avait déjà lâché du lest et revu de manière substantielle sa copie, si bien que les principaux syndicats réformateurs ne participent pas aux manifestations.
Mais les syndicats opposés au texte comptent maintenir la pression, avec une "nouvelle journée de grève et de manifestations" le 28 avril.
Le projet de réforme, qui sera débattu à partir du 3 mai dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, affiche la volonté de limiter les freins à l'embauche pour tenter de réduire un chômage de masse mais est jugé "trop libéral" par ses détracteurs.
Le texte prévoit notamment de changer les critères qui permettent les licenciements économiques.
Avec AFP