France : marche et prières en hommage au prêtre égorgé

Le Père Jacques Hamel célébrant la messe, le 11 juin 2016, dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray

Quatre jours après l'assassinat d'un prêtre dans une église par deux jihadistes, l'émotion restait vive en samedi France, où avaient lieu des manifestations unissant chrétiens et musulmans en un élan solidaire, tandis que les enquêteurs poursuivaient leur travail.

Plusieurs centaines de personnes ont ainsi marché dans le centre de Lyon (est) en hommage au père Jacques Hamel, un prêtre de 85 ans égorgé mardi dans une église à Saint-Etienne-du-Rouvray (nord-ouest).

Rassemblés derrière des banderoles proclamant "Nous vaincrons par la fraternité", "Ceci n'est pas une guerre des religions" ou encore "On est tous frères et soeurs", les manifestants répondaient à l'appel de plusieurs associations locales avec le soutien du conseil régional du culte musulman (CRCM).

Après le drame de Saint-Etienne-du-Rouvray, "il nous a paru essentiel de ne pas laisser place à la résignation, au ressentiment et à la peur, de poser un acte de cohésion, d'encourager la paix et le vivre-ensemble", a souligné le président du CRCM, Abdelkader Bendidi, dans un communiqué.

"Nous sommes ici pour manifester notre solidarité, montrer que les trois religions du Livre peuvent être rassemblées et vivre ensemble", confient à l'AFP Jeannine et François Marre, membres de l'association Education catholique.

Un rassemblement oecuménique doit avoir lieu dans la soirée dans une église de Bordeaux (sud-ouest). Une veillée de prières est prévue à Saint-Etienne-du-Rouvray, après plusieurs rassemblements les jours précédents et des scènes de fraternisation entre chrétiens et musulmans vendredi.

Dimanche, les musulmans sont appelés par le Conseil français du culte musulman à se rendre dans les églises au moment de la messe, et la conférence des évêques a appelé les paroissiens à leur réserver un "accueil fraternel". L'appel a été relayé en Italie par les organisations musulmanes.

L'enquête sur cet attentat s'attache à mettre au jour le milieu dans lequel évoluaient les deux jihadistes, Abdel Malik Petitjean et Adel Kermiche, âgés l'un et l'autre de 19 ans, qui avaient été repérés chacun de leur côté par les services de renseignement sans que leur passage à l'acte imminent n'ait été détecté.

Deux personnes, le cousin de l'un des deux tueurs et un réfugié syrien, étaient toujours en garde à vue samedi.

- enquêtes distinctes-

Par ailleurs un mineur de 17 ans qui avait cherché à partir en Syrie avec Adel Kermiche en 2015 a été arrêté récemment à Genève lors d'une seconde tentative, et remis à la France où il a été emprisonné, a indiqué samedi une source proche de l'enquête. A ce stade, "rien ne montre qu'il ait une quelconque implication" avec l'attentat de mardi, a cependant averti cette source.

Un autre homme fiché pour radicalisation et arrêté le 25 juillet dans une enquête distincte des services de renseignement, a été mis en examen (inculpé) vendredi. Une vidéo d'Abdel Malik Petitjean, dans laquelle celui-ci prêtait allégeance à l'EI et évoquait "une action violente", avait été retrouvée dans un téléphone à son domicile.

Une autre enquête est en cours, dans laquelle un Français de 20 ans a été interpellé. Il s'était rendu en Turquie début juin avec Petitjean avant d'être refoulé comme lui.

Le témoignage de deux religieuses retenues en otage dans l'église a apporté un éclairage saisissant sur le déroulement des faits.

Dans un entretien à l'hebdomadaire catholique La Vie, elles ont raconté que le dialogue s'était engagé avec les deux assaillants après l'assassinat du prêtre. "Tant qu'il y aura des bombes sur la Syrie, nous continuerons les attentats", leur a dit l'un des deux hommes.

Le Premier ministre Manuel Valls a évoqué vendredi un "échec" dans le suivi judiciaire d'Adel Kermiche, poursuivi pour avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie, et qui était placé sous surveillance électronique dans l'attente de son procès.

Par ailleurs deux hommes, un Algérien et un Pakistanais, soupçonnés d'avoir voulu participer aux attentats du 13 novembre à Paris et remis vendredi par l'Autriche à la France, ont été inculpés vendredi soir à Paris et emprisonnés.

Avec AFP