Élue dimanche au deuxième tour des législatives avec 50,30% des suffrages, cette mère de cinq enfants née en 1974 à Abidjan, est venue en France en 2000, à l'âge de 26 ans. Siéger à l'Assemblée nationale "ne me fait pas peur", assurait-elle pendant la campagne. Investie par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, elle siègera avec la Nouvelle Union populaire, écologique et sociale réunissant les partis de gauche.
Seule incarnation des classes populaires ou presque, elle va se retrouver face à des professionnels de la politique. "Ils ne savent pas la souffrance des gens", assure Rachel Kéké, qui aspire à "expliquer" aux autres députés la "réalité" des plus pauvres.
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Un discours volontaire, puisé dans ses luttes récentes. En mai 2021, 19 femmes de chambre et un collègue équipier d'un hôtel parisien, menés par Rachel Kéké, réussissent à faire plier un sous-traitant du groupe Accor. Après 22 mois de grève et de chômage partiel, la plus longue lutte jamais menée par le syndicat hôtelier CGT-HPE, les grévistes voient notamment leurs rémunérations augmenter "de 250 à 500 euros par mois".
"C'est important de dire les choses vraies", lance Mme Kéké, qui raconte le "mépris", l'"exploitation" et les abus subis par les femmes exerçant son métier. "Moi, ça m'est arrivé qu'un (client) me dise 'sale nègre, rentre chez toi'", raconte-t-elle, quand d'autres "te touchent les seins quand tu frappes à leur porte".
Elle est "une leader de masse", "elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes", énumère le député LFI Eric Coquerel, qui a proposé sa candidature dans la septième circonscription du Val-de-Marne, en région parisienne.
Opposée à la candidate de la majorité Roxana Maracineanu, ex-ministre des Sports et championne de natation, Rachel Kéké a finalement réussi à tirer son épingle du jeu malgré un profil peu commun parmi les candidats, et sera la première femme de chambre à siéger à l'Assemblée nationale.