Opposé au mastodonte brésilien Renan Ferreira, Ngannou fait son retour samedi dans une cage de MMA après quasiment trois ans d'absence et un crochet par la boxe anglaise: un rendez-vous à ne pas manquer pour les fans d'arts martiaux mixtes et au-delà. Mais ce combat tant attendu n'a pas lieu sous la bannière de l'UFC, la ligue qui a fait du Camerounais une superstar, mais sous celle du PFL, la "Professional figthers league", qui l'avait débauché avec fracas en 2023.
Avec ce méga-événement, le PFL espère ainsi attirer sur lui la lumière qu'absorbe habituellement l'UFC, la ligue de référence dans le domaine. "Je crois qu'il s'agit du plus grand événement possible en MMA pour cette année 2024", a lancé Donn Davis, le patron du PFL, dans une interview au New York Post. "L'UFC est la plus grande entreprise, a-t-il reconnu, mais nous organisons le plus grand événement." Né en 2017, le PFL est une organisation montante et se pose en concurrent de l'UFC, entité installée depuis les années 90. La ligue a en effet frappé un grand coup en mai 2023 en recrutant Francis Ngannou, qui était à l'époque champion des lourds de l'organisation de Dana White.
Your browser doesn’t support HTML5
En fin d'année dernière, l'organisation a continué à redessiner le paysage des arts martiaux mixtes en rachetant une autre entité majeure, le Bellator. Une acquisition qui, selon ses dirigeants, permet désormais au PFL de rivaliser avec l'UFC. "Dans ses interviews, Donn Davis dit souvent que son objectif est de venir concurrencer l'UFC", déclare à l'AFP Chris Genachte, ancien entraîneur de MMA désormais analyste et commentateur. "Maintenant, si on fait une étude de marché, l'UFC a plus de 90% des parts du MMA à l'international. Donc le PFL est encore très, très loin de l'UFC", relativise-t-il.
Selon lui, l'"Ultimate fighting championship" reste largement leader, que ce soit sur le plan sportif, avec ses innombrables stars, de Jon Jones à Khabib Nurmagomedov ou Conor McGregor, ou en terme de production, avec des événements planétaires. "À quelques exceptions près, l'UFC a quasiment l'entièreté du top 10 de chaque catégorie. En termes de nombre d'événements aussi, l'UFC en fait 45 l'année, le PFL plutôt la moitié..." Pour attirer de nouvelles recrues, le PFL a donc trouvé un moyen: aligner les billets, analyse-t-il.
"Mieux considéré"
"A l'UFC, le produit, c'est l'UFC. Le PFL de son côté sait que pour l'instant, ils n'ont pas un énorme branding. Ils savent qu'à prime égale, les gens vont tous aller vers l'UFC. Donc ils sont obligés de doubler, tripler, voire quadrupler ce que l'UFC propose pour pouvoir recruter un maximum de stars avant que l'UFC ne les prenne." C'est de cette façon que l'organisation s'est par exemple offert l'an dernier les services de Cédric Doumbé, l'un des combattants tricolores les plus populaires. "Doumbé lui-même avait dit qu'il avait signé au PFL parce qu'il gagnait 7 à 10 fois plus là-bas que ce que l'UFC lui offrait", rappelle Chris Genachte. "T'as fait un bac S? Fais le calcul", avait à l'époque ironisé Doumbé.
C'est également en partie ce qui a attiré Ngannou. "Je pense que je suis mieux considéré au PFL", a-t-il sobrement déclaré le mois dernier à l'AFP. Provocateur comme à ses habitudes, le boss de l'UFC Dana White profite de son côté de chaque occasion pour dévaloriser son concurrent. "Ils sont nuls", a-t-il tout simplement lancé il y a quelques jours. Plus diplomate, son N.2 David Shaw, explique à l'AFP: "Nous considérons tout le monde comme une concurrence sérieuse. Mais ça ne nous inquiète pas. Nous estimons que (l'arrivée du PFL) est un ajout à l'écosystème du MMA."