Fêtes de fin d’année au Bénin : Entre mévente et espérance

Fête de fin d’année dans une école de Cotonou, au Bénin.

La fièvre des fêtes de fin d’année bat son plein au Bénin. L’approche de la fête de Noël est le moment favorable à la vente des jouets. Étalages toujours garnis, clients encore rares, commerçants attristés, c’est le constat au niveau des stands de vente sur les grandes artères de Cotonou.

Au Bénin, le refrain reste le même à l’approche des fêtes de fin d’année. Les enfants attendent de leurs parents des cadeaux comme l’exige la tradition depuis des lustres. Mais entre mévente, rareté des clients, les commerçants ne savent où donner de la tête. Âgé de la trentaine, Alexis, vendeur en gros et en détails de jouets et d’articles de fêtes pensait pouvoir faire des chiffres cette année. « Le marché n’est vraiment pas ce qu’on aurait souhaité en allant faire des prêts pour avoir de bons produits à proposer mais on fait avec », a-t-il souligné. Le commerçant a ajouté : « comparativement aux années précédentes, cette année, peu de gens sortent pour voir les articles que nous avons. Et parmi cette petite portion d’acheteurs, les articles achetés ne sont pas si importants. Le marché n’est vraiment pas ce qu’on aurait souhaité en allant faire des prêts pour avoir de bons produits à proposer mais on fait avec ».

Nous sommes à une semaine de la fête de noël. Seules les décorations au niveau des carrefours dans quelques villes laissent croire que c’est la période des fêtes. En attendant de voir les clients les envahir, certains commerçants égrènent leur chapelet, appelant tous les saints à la rescousse. « On ne sent encore rien. Nous prenons notre mal en patience jusqu’à la veille de la fête de Noël. Certains viennent et repartent avec des jouets de 500 francs. Nous avons des articles pour toutes les bourses mais malheureusement nous ne les écoulons pas comme nous l’aurions voulu », raconte un autre commerçant de Cotonou.

Une panoplie de jouets sur les étalages et les carrefours spécialement aménagés pour la vente des jouets. Des poupées en passant par les vélos, les voiturettes, les instruments de musique, tout un choix varié d’articles. Quelques parents en quête du jouet idéal rencontrés sont pour la plupart en mode visiteur sur les stands. Pour beaucoup de la question est de savoir « comment penser à acheter des jouets, quand manger est un luxe dans de nombreux foyers » ? Pour les consommateurs « ce n’est pas l’envie de faire plaisir aux enfants qui manquent » mais lorsqu'ils font le point et qu'ils voient à quel point les choses sont chères, ils ne peuvent pas se permettre des jouets.

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La tristesse et le désespoir se lisent dans les yeux des vendeuses de jouets en boutique tandis que celles ambulantes sont en peine sous le coup de la fatigue. Ceux qui vendent les produits vivriers et autres n’arrivent pas à s’expliquer le phénomène de la mévente qui s’est accentué cette année. C’est une tradition d’offrir à l’occasion de la fête de Noël des cadeaux aux enfants, même si quelques jours après, ces jouets ont toutes les chances de se retrouver sur les tas d’ordures. Ils constituent un moment de joie et de bonheur tant pour celui qui les offre que pour les enfants qui les reçoivent. Pour cet autre consommateur béninois, « tout est cher, même l’huile d’arachide utilisée par tous les ménages au Bénin n’est plus à la portée de tout le monde. Et c’est le cas de tous les produits qui entrent dans la consommation au Bénin »

Mais pour le ministre de l’agriculture, en finir avec la cherté des produits de grande consommation est une question qui interpelle la conscience collective. Pour Gaston Dossouhoui, ministre de l’agriculture, « la clé pour sortir de la crise économique avec la flambée des prix des produits de grande consommation est que les agriculteurs acceptent de produire davantage ». Il ajoute « la conjoncture que nous traversons est soutenable si nous avons un peu de volonté. Plutôt que de contingenter le marché et faire de la régulation forcée, il faut que nos agriculteurs se mettent au travail pour produire davantage ».

Les difficultés financières de certains foyers, l’augmentation des prix des produits de première nécessité, la multiplication des vendeurs opportunistes, la fermeture des frontières entre le Bénin et le Niger, expliquent, entre autres, la mévente qui s’observe. Mais Cherté de la vie ou pas, les enfants attendent de la magie le 25 décembre et les parents doivent redoubler d’ardeur pour leur offrir une fête à la taille de leurs attentes.