GB: Theresa May, la dame de fer du Brexit

Theresa May (Photo 30 juin 2016).

La nouvelle Première ministre britannique Theresa May aura la tâche historique de négocier la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne tout en essayant de rassembler son parti conservateur et un pays profondément divisé par le Brexit.

Le défi est gigantesque mais Theresa May, deuxième femme à accéder au pouvoir après Margaret Thatcher, a fini par se dégager comme la seule à même de créer un consensus, rassurant par sa compétence et son sérieux. Elle avait pourtant choisi le camp du maintien dans l'UE, fidèle à son Premier ministre David Cameron. Mais elle a fait le service minimum pendant la campagne du référendum qui a décidé la sortie de l'UE, continuant aussi à prôner une limitation de l'immigration, thème favori des pro-Brexit, ce qui l'a rendue crédible auprès des deux camps.

Au ministère de l'Intérieur, qu'elle a occupé depuis 2010, elle a tenu une ligne très ferme, qu'il s'agisse des délinquants, des immigrés clandestins ou des prêcheurs islamistes.

Elle n'échappe pas aux comparaisons avec son illustre prédécesseure "Maggie" Thatcher, elle aussi eurosceptique avec une volonté de fer. Le tabloïd The Sun la surnomme "Maggie May".

Mais elle apparaît plus proche d'une Angela Merkel, la chancelière allemande, avec qui elle partage le fait d'être fille de pasteur, conservatrice, pragmatique, ouverte au compromis.

- 'Une femme drôlement difficile' -

"Theresa est une femme drôlement difficile", commentait récemment l'ex-ministre Kenneth Clarke, député conservateur.

"Le prochain qui va s'en rendre compte, c'est Jean-Claude Juncker", a-t-elle rebondi avec humour, donnant le ton des négociations de sortie de l'UE avec le président de la Commission européenne.

Fille d'un pasteur anglican, Theresa Brasier est née le 1er octobre 1956 à Eastbourne, ville côtière du sud-est de l'Angleterre. Après des études de géographie à Oxford, où elle rencontre son mari Philip, et un bref passage à la Banque d'Angleterre, elle entame sa carrière politique en 1986. Elle est alors élue conseillère du district londonien cossu de Merton.

Après deux échecs aux élections législatives, elle est élue en 1997 députée conservatrice dans la circonscription prospère de Maidenhead, dans le Berkshire (sud de l'Angleterre).

De 2002 à 2003, elle est la première femme à être secrétaire générale du parti conservateur. Elle s'illustre lors d'un discours en appelant les tories, alors marqués très à droite, à sortir de leur rôle de "nasty party" ("parti des méchants").

En 2005, elle prête main forte à David Cameron dans sa conquête du parti. Lorsqu'il est élu chef du gouvernement en 2010, il la récompense en lui attribuant le portefeuille de l'Intérieur, qu'elle conservera lors de sa réélection en 2015.

Sobre, discrète, elle confie qu'elle préfère éviter les plateaux de télévision, les déjeuners à potins et les bars du Parlement.

"Elle a une capacité de travail incroyable et elle est très exigeante", souligne une de ses collaboratrices, sous couvert de l'anonymat. "Elle déteste le risque, c'est quelqu'un de fiable".

Ses administrés interrogés par l'AFP sont unanimes dans leurs louanges : "calme", "bosseuse", "réservée mais très abordable"... "Elle ressemble à Margaret Thatcher d'une certaine façon, une volonté très forte, elle sait ce qu'elle veut", dit Christine Mason, propriétaire de pub à Maidenhead.

Elle a tout récemment livré à la presse une série de photos de son marriage et de sa jeunesse avec son mari. Ce dernier était à ses côtés pour l'embrasser à la sortie de la réunion où sa nomination a été acquise lundi.

Avec AFP