Gbagbo devant la CPI: "les conclusions sont très attendues" par la Côte d'Ivoire

Les partisans de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et de l’ancien ministre Charles Blé Goudé se rassemblant à l’extérieur de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, Pays-Bas, le 28 janvier 2016.

C'est ce qu'a affirmé jeudi le ministre ivoirien des Affaires étrangères, Abdallah Albert Toikeusse Mabri, présent à Addis Abeba pour des travaux préparatoires du Sommet de l'Union africaine de ce weekend.

Le procès devant la Cour pénale internationale (CPI) de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, ouvert jeudi à La Haye, est "un procès très attendu par la Côte d'Ivoire et par les victimes" des violences post-électorales de 2010-2011, a estimé jeudi à Addis Abeba le ministre ivoirien des Affaires étrangères.

"Nous travaillons à la réconciliation nationale, mais cela doit être consolidé sur la base d'une justice pour tous, une justice équitable. Et personne ne doit être mis à l'abri pour ne pas répondre devant la justice, y compris la justice internationale", a expliqué à l'AFP Abdallah Albert Toikeusse Mabri.

"La CPI démarre un procès dont les conclusions sont très attendues", a-t-il ajouté, "nous attendons que la lumière soit faite, que les responsabilités soient situées et que les condamnations soient prononcées".

L'ancien président ivoirien et son co-accusé Charles Blé Goudé, 44 ans - ancien chef des "Jeunes patriotes", fers de lance du camp Gbagbo, mis en cause dans de nombreux meurtres et viols - sont poursuivis pour leur rôle dans la crise née du refus de M. Gbagbo de céder le pouvoir à l'issue de la présidentielle de fin 2010.

Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois, transformant en champ de bataille certaines zones du premier producteur mondial de cacao, moteur économique de l'Afrique de l'Ouest.

MM. Gbagbo et Blé Goudé ont tous deux plaidé non-coupable à l'ouverture de l'audience jeudi.

"Pour que la réconciliation aille à son terme, il faut bien qu'il y ait un apaisement; et ce soulagement moral, c'est bien la justice qui peut en donner le meilleur sens", a estimé le chef de la diplomatie ivoirienne.

Alors que la CPI est la cible de critiques car ses enquêtes n'ont jusqu'ici concerné que des pays africains, Abdallah Albert Toikeusse Mabri a estimé que l'Afrique devait se doter d'un système judiciaire crédible, capable de juger de tels faits sur le continent.

"Ce que l'Afrique souhaite, c'est se doter d'instruments qui permettent que la justice soit faite en interne sur une base équitable, que ce soit un système qui inspire la confiance aux citoyens du continent et à tous ceux qui sont nos partenaires dans le monde", a-t-il expliqué.

Les juges de la CPI ont autorisé mercredi la procureure à ouvrir une enquête sur la guerre ayant opposé en 2008 Géorgie et Russie pour le contrôle de l'Ossétie du Sud, la première hors du continent africain.

Avec AFP