"Les femmes et les filles afghanes vont subir un préjudice indescriptible", s'alarme dans un entretien au média allemand Deutsche Welle l'ancien président républicain, qui avait envoyé les troupes américaines en Afghanistan en octobre 2001, après les attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis.
Interrogé par la chaîne pour savoir s'il considère comme une "erreur" le retrait des troupes alliées, M. Bush assure : "Oui, je le pense, car les conséquences vont être incroyablement mauvaises".
Les femmes, comme les Afghans travaillant avec les armées occidentales, "vont juste être laissés derrière pour être massacrés par ces gens très brutaux, et cela me brise le cœur", déplore-t-il dans cet entretien accordé à l'occasion d'une visite d'Angela Merkel à Washington.
La chancelière rencontrera jeudi à la Maison Blanche le président démocrate Joe Biden.
Le chef des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, le général Austin Scott Miller, a passé la main lundi lors d'une cérémonie rappelant l'imminence du retrait définitif des troupes étrangères du pays.
Ce passage de flambeau est une des dernières étapes avant le départ définitif des troupes étrangères, censé se terminer d'ici fin août.
Environ 2.500 soldats américains - et 7.000 d'autres pays - étaient présents en Afghanistan lorsqu'ils ont entamé début mai leur retrait.
Ce retrait mettra fin à près de 20 ans d'intervention d'une coalition menée par les États-Unis entrée en Afghanistan après le refus du régime taliban de livrer le chef d'Al-Qaïda, Oussama ben Laden, auquel il accordait asile.
Lire aussi : Le retrait américain d'Afghanistan réalisé à plus de 50% selon le PentagoneIl intervient en pleine offensive des talibans, qui leur a permis de s'emparer de vastes portions de territoire face à une armée afghane désormais privée du crucial soutien aérien américain et qui n'a que peu résisté.
Les Etats-Unis et les talibans ont signé le 29 février 2020 à Doha un accord historique prévoyant le retrait des forces étrangères en échange de garanties de sécurité et de l'ouverture de négociations entre les rebelles et le gouvernement afghan. Mais ces discussions sont actuellement au point mort.
- "Femme au grand coeur" -
M. Bush dit dans l'entretien penser que la chancelière allemande "ressentait la même chose que lui" à propos du retrait des troupes.
Le 43e président américain tresse des louanges à la chancelière, qui aura côtoyé durant ses 16 années à la tête de l'Allemagne quatre locataires de la Maison Blanche.
"Mme Merkel a apporté classe et dignité à son importante fonction. Elle prenait des décisions très difficiles, et le faisait en tenant compte de ce qui était le mieux pour l'Allemagne, en restant toujours fidèle à ses principes", souligne M. Bush, saluant "un leader compatissant, une femme qui n'a pas peur de diriger".
Il rend notamment hommage à la longévité au pouvoir de Mme Merkel, qui quittera la chancellerie à l'automne, toujours parmi les personnalités les plus populaires en Allemagne. "C'est assez étonnant quand on y pense", note M. Bush, pour qui "cela montre la confiance que les électeurs allemands ont en elle".
L'ancien président américain se remémore aussi des discussions avec Mme Merkel sur son enfance en Allemagne de l'Est, "prise au piège dans une société fermée", avant de devenir chancelière "d'un pays libre et démocratique".
Il salue encore sa politique d'accueil de réfugiés syriens et irakiens en 2015 et 2016. "Ma première réaction a été qu'elle est une femme au grand cœur. Et je suis sûr qu'elle était motivée par la compassion humaine. Et, vous savez, c'était clairement une décision politique difficile pour elle, mais elle a pris ses responsabilités", assène-t-il.