Mais le scrutin est loin d'être gagné d'avance pour cet avocat libéral: depuis son élection en 2016, la crise économique a durement frappé le pays ouest-africain anglophone et sa réputation de pourfendeur de la corruption été entachée.
Né en 1944 à Accra, la capitale, M. Akufo-Addo a grandi dans une famille de l'élite politique nationale. Sa maison faisait office régulièrement de siège de parti.
Son père, Edward Akufo-Addo, a été lui-même président à la fin des années 1960, et fait partie des "Big Six" (les "Six Grands"), tels que l'on désigne les pères de l'indépendance et de la nation ghanéenne, l'ex-Côte de l'Or, colonie britannique.
Il fait ses études à Londres, où naît son inébranlable passion pour le club de football de Tottenham, et d'où il tire son accent britannique particulièrement soigné.
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Avocat spécialisé dans les droits de l'Homme, il a exercé en France et en Angleterre avant de revenir au Ghana. Mais ce n'est qu'en 1992, lorsque le pays a retrouvé la démocratie après des décennies de régimes militaires, que M. Akufo-Addo s'engage auprès du Nouveau Parti patriotique (New Patriotic Party, NPP).
Au long de sa carrière, en tant qu'avocat, puis député et ministre, il s'est bâti une solide réputation anticorruption.
Alors une fois président, "tout le monde le voyait comme celui qui serait capable de mettre fin à la corruption", déclare Kwesi Jonah, chercheur à l'Institut pour la gouvernance démocratique du Ghana.
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Démission du procureur anticorruption
Après son élection en décembre 2016, il a nommé un procureur spécial pour enquêter et poursuivre les fonctionnaires corrompus.
Mais celui-ci a démissionné en novembre, un mois avant le scrutin, accusant le président de faire obstacle à sa mission.
"En 2016, M. Akufo-Addo était en meilleure position pour remporter le scrutin qu'il ne l'est aujourd'hui", selon M. Jonah.
A l'époque, il avait promis de se concentrer sur l'éducation, avec la gratuité des lycées, et la création d'emplois dans ce pays où le chômage des jeunes est massif.
Il s'était aussi engagé à diversifier une économie dépendante des ressources premières (or, cacao et, plus récemment, pétrole), et à alléger les taxes dans le secteur privé pour encourager les investissements.
Sur l'éducation, "il a très bien réussi", assure M. Jonah. Un atout pour le président, dans ce pays où les 18 à 35 ans représentent plus de la moitié de des électeurs.
Économiquement, le Ghana a fait un pas de géant au cours de la dernière décennie, mais le pays a été très touché par la crise provoquée par la pandémie. Cette année, sa croissance devrait tomber à 1,5%, soit le taux le plus bas depuis 37 ans.
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Si le président a réussi à contenir l'augmentation de la dette et de l'inflation, plus de la moitié des électeurs estiment qu'il n'a pas réussi à améliorer leur niveau de vie et à créer des emplois, selon un sondage réalisé par Afrobaromètre en 2019.
Toutefois, sa gestion rapide de la crise du coronavirus a été saluée au Ghana et à l'étranger. La fermeture précoce des frontières et l'interdiction des rassemblements ont notamment permis de ralentir la progression du virus.
Mais la pandémie a aussi éloigné le président du terrain: "En étant celui qui menait le combat contre le virus, il pouvait difficilement être vu se déplaçant à travers tout le pays", ajoute M. Jonah.
Dans ce scrutin, le président devra affronter 11 autres candidats. Le plus sérieux d'entre eux est son prédécesseur John Mahama, contre qui il a déjà disputé les deux précédentes élections présidentielles: une défaite en 2012, une victoire en 2016.