Le gouverneur de la région d'Al-Hoceïma dénonce les "intox" des contestataires au Maroc

La ville marocaine d'Al Hoceima, août 2004.

Le gouverneur de la région nord du Maroc a dénoncé dimanche les "intox" des leaders de la contestation dans la province d'Al-Hoceïma, qui devront répondre "devant la justice de leurs appels à la violence".

"Al-Hoceïma est une ville normale, qui fonctionne normalement et dont les institutions travaillent. Il y a simplement de temps en temps des manifestations, mais moins nombreuses que dans d'autres provinces", a déclaré à l'AFP Mohamed El Yaakoubi.

La province d'Al-Hoceïma, dans la région du Rif, est régulièrement le théâtre de manifestations depuis la mort fin octobre d'un vendeur de poisson, broyé dans une benne à ordures. Menées par des activistes locaux, ces manifestations ont pris au fil des mois une tournure plus sociale et politique pour exiger le développement d'une région qu'ils estiment marginalisée.

"Tout est virtuel. A voir les profils facebook de ces gens, on pourrait croire que la ville est en feu, alors qu'il n'en est rien", a assuré M. El Yaakoubi, lors d'un entretien dans son bureau à Al-Hoceïma, au lendemain d'un nouveau rassemblement samedi soir en forme de concert de casseroles.

"Leur discours est une succession d'intox. Ils disent tout et leur contraire", a-t-il fustigé, dénonçant des "appels à la violence", ainsi qu'un "discours de terreur et d'instrumentalisation" aux accents "discriminatoires".

"Il faut voir leur propagande sur facebook, avec des insultes, des attaques personnelles graves contre des élus. Ces gens n'acceptent aucun avis contraire et désignent comme +traîtres+ tous ceux qui ne sont pas d'accord avec eux", a souligné M. El Yaakoubi, évoquant une dimension religieuse "pour ratisser large".

"Une procédure (judiciaire) est déjà en cours. (...) La justice dira qui tire les ficelles", a ajouté le gouverneur.

"Le noyau dur, c'est entre 3 et 5 personnes (dont Nasser Zefzafi, leader du mouvement), avec autour une quarantaine d'individus. Ils se disent un mouvement démocratique, c'est tout le contraire", a-t-il accusé, pointant leur refus de tout dialogue avec élus et représentants locaux.

"Nous parlons à tous les Marocains, je suis chaque jour dans la ville pour parler aux habitants (...). Le problème est que leur discours change", a-t-il souligné.

Sur le développement, "toutes leurs revendications figurent dans l'ambitieux programme lancé en 2015 par le roi pour la province et qui est en cours de réalisation", assure M. El Yaakoubi.

"On ne peut pas balayer d'un revers de main tous les efforts accomplis par l'Etat", qui se chiffrent à "plus de 25 milliards de dirhams" (2,5 milliards d'euros) depuis le tremblement de terre de 2004. "A entendre les contestataires, on peut penser que la ville est sinistrée alors que c'est le contraire. De nombreuses infrastructures ont été déjà réalisées (...), de nombreux chantiers ont été lancés l'année dernière, ou sont en cours de lancement".

"En matière d'infrastructures, d'éducation, de santé, la province est très loin au dessus de la moyenne nationale. Tous les indices le confirment, et ces chiffres sont publics".

"Il faut maintenant encourager les investissements", alors que "l'économie connait effectivement un marasme" et que "la pêche a beaucoup souffert", a reconnu M. El Yaakoubi. Il faut désormais "que tout le monde travaille pour promouvoir la zone et non la dénigrer".

Avec AFP