Grammys 2016 : palmarès

Kendrick Lamar ( meilleur album rap) à la 58e cérémonie des Grammy Awards. (AP Photo)

Taylor Swift est devenue lundi la première femme à remporter deux Grammys du meilleur album, mais c'est Kendrick Lamar, son rival et ami, qui a donné la performance la plus incendiaire de la soirée et empoché cinq prix.

Le producteur anglais Mark Ronson et le chanteur Bruno Mars ont quant à eux décroché le Grammy du meilleur enregistrement de l'année grâce à leur tube planétaire endiablé "Uptown Funk".

Taylor Swift a remporté le prix le plus prestigieux des Grammy Awards pour "1989", référence à son année de naissance, après l'avoir déjà emporté en 2010 pour "Fearless".

"En tant que première femme à gagner le prix de l'album de l'année aux Grammys deux fois, je veux dire aux jeunes femmes que vous rencontrerez beaucoup de gens qui tenteront de minimiser votre succès", a-t-elle déclaré.

Se posant en inspiration féministe, elle les appelle à "continuer à travailler" et à ne laisser personne voler leurs victoires.

"1989", collection de tubes entêtants comme "Blank Space", "Shake It Off" ou "Bad Blood", servis par des vidéos léchées, évoque jeux amoureux, rencontres sans lendemain, et relations qui s'enveniment.

Avec 5,7 millions de copies écoulées aux Etats-Unis, il était celui aux plus fortes ventes de la période considérée pour la 58ème édition des Grammys.

Mark Ronson, qui remporte le deuxième prix le plus prisé de la soirée avec le chanteur Bruno Mars, a expliqué aux journalistes qu'"Uptown Funk" est né lors d'une improvisation en studio.

"Bruno a sorti cette phrase +Michelle Pfeiffer in her white gold+, et on s'est dit: +tiens, c'est pas mal+!", a ajouté, en costume bleu nuit, le Britannique qui a aussi gagné le trophée du meilleur duo pop.

Autre grand gagnant de la soirée avec cinq Grammys, dont le meilleur album rap, Kendrick Lamar a enflammé le Staples Center de Los Angeles avec une performance viscérale.

Dans un décor de prison, avec un faux oeil au beurre noir, il était entouré de danseurs qui brisent menottes et entraves et se lancent dans une chorégraphie évoquant les violences contre les Noirs aux Etats-Unis.

Le rappeur de 28 ans a enchaîné sur "Alright", titre devenu l'hymne non-officiel du mouvement protestataire Black Lives Matter, cette fois au milieu d'un ensemble chorégraphique de danse africaine, devant un gigantesque brasier.

Son album "To Pimp a Butterfly", qui mêle textes personnels sur les relations raciales, rap et expérimentations jazz, a été encensé par la critique, mais les Grammys les plus prestigieux lui ont échappé.

L'hommage de Lady Gaga au dieu du rock David Bowie, décédé le mois dernier, fut un autre temps fort de la soirée.

Avec des cheveux oranges, un maquillage coloré et des effets lumineux sur son visage et sa combinaison blanche, elle a chanté sur "Let's Dance", "Rebel, Rebel", entre autres.

Johnny Depp est quant à lui enfilé sa guitare pour un hommage à un autre défunt, Lemmy du groupe de hard rock Motörhead, aux côtés d'Alice Cooper.

Quant à Stevie Wonder, il a conquis le public en menant a capella une performance en mémoire de feu Maurice White, d'Earth Wind and Fire, tout en appelant à donner accès aux personnes souffrant d'un handicap.

Tandis que les plus gros prix ont consacré des artistes très commerciaux, le site de streaming Spotify, accusé de ne pas rémunérer assez les artistes, a été critiqué lors de la soirée.

"Cela pourrait vous surprendre d'apprendre que quand vous écoutez une chanson en flux (streaming) tous les gens qui ont créé collectivement la chanson récoltent une petite fraction d'un centime. Est-ce qu'une chanson ne vaut pas plus?", a interrogé le rappeur Common.

Interrogée par des journalistes sur le même thème, la chanteuse du groupe Alabama Shakes, lauréat de trois Grammys en rock et musique alternative, a abondé en son sens: "Pourquoi ne serait-on pas payé pour quelque chose sur lequel on a travaillé dur?".

Parmi les autres vainqueurs de la nuit, l'auteur-compositeur britannique Ed Sheeran a remporté le Grammy de la chanson de l'année pour "Thinking Out Loud", et Meghan Trainor a été sacrée révélation de l'année.

L'étoile montante canadienne The Weeknd a été récompensé deux fois tout comme la star de R&B D'Angelo.

Le chanteur Lionel Richie a vu sa carrière saluée. La mégastar Rihanna a quant à elle déclaré forfait pour cause de cordes vocales enflammées.

A noter enfin le Grammy d'album world, décerné à Angélique Kidjo pour son disque enregistré avec l'Orchestre philharmonique du Luxembourg. C'est le deuxième Grammy de la chanteuse béninoise dans cette catégorie.

Avec AFP