Grèce : l'Eurogroupe confiant sur un nouveau prêt, négociations plus délicates sur la dette

Les ministres des Finances de la zone euro pensaient mardi qu'un accord était imminent sur un nouveau prêt à la Grèce, tout en prévenant de négociations plus ardues sur l'allègement de la dette que le FMI veut à tout prix.

Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a salué "l'important travail fait depuis l'été et ces dernières semaines" par Athènes pour mettre en oeuvre les réformes réclamées en échange d'un plan d'aide conclu dans la douleur l'été dernier avec ses créanciers européens.

"J'espère qu'il y aura un accord complet (...) et que nous pourrons avancer dans le programme", a déclaré M. Dijsselbloem en arrivant à la réunion des 19 grands argentiers de la zone euro à Bruxelles.

Même optimisme affiché par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble : "J'espère que nous arriverons aujourd'hui à un accord sur l'essentiel... Je suis confiant".

Cette réunion intervient deux jours après le vote par le parlement grec d'un projet de loi prévoyant un mécanisme de correction automatique en cas de dérapage budgétaire et des mesures supplémentaires pour accélérer les privatisations et augmenter les taxes indirectes.

Des décisions impopulaires contre lesquelles avaient manifesté plus de 10.000 personnes ce week-end à Athènes, mais qui constituent, après la réforme des retraites adoptée début mai, l'ultime effort réclamé aux Grecs par leurs créanciers pour le déblocage de nouveaux prêts.

La Grèce en a besoin notamment pour faire face à une échéance de remboursement de quelque 2,2 milliards à la Banque centrale européenne (BCE) le 20 juillet.

Le montant du déboursement de la part des créanciers n'a pas encore été arrêté. Selon des sources européennes, il devrait osciller entre neuf et onze milliards d'euros, tandis qu'Athènes a accumulé pour près de sept milliards d'euros de factures impayées.

- 'Avoir l'accord du FMI' -

Les discussions de mardi devraient en revanche se compliquer concernant l'allègement de la dette grecque qui atteint près de 180% du PIB national et est la plus élevée de toute la zone euro.

Le Fonds Monétaire International (FMI) a encore accentué la pression sur les Européens à la veille de cette réunion en rendant public un document dans lequel est réclamée une réduction sans conditions de ce fardeau.

L'institution de Washington, qui a pris part à toutes les discussions des Européens sur la Grèce, fait dépendre d'un allègement de la dette sa participation au programme d'aide à Athènes.

Et sa présence est ardemment souhaitée : "Le but de la réunion d'aujourd'hui est d'avoir un accord avec le FMI (...). Ce n'est pas une option de continuer sans le FMI", a martelé M. Dijsselbloem.

"Le FMI est très expérimenté, l'avoir à bord est une réelle valeur ajoutée", a-t-il plaidé. Et d'ajouter : "La dette est très élevée, il y aura des problèmes à l'avenir. Quelle taille ont ces problèmes, comment et quand les affronter : c'est le sujet du jour".

L'Allemagne, qui souhaite par dessus tout la présence du FMI dans le programme, se trouve dans une situation quelque peu inconfortable : elle aimerait dans l'idéal voir aborder la question de l'allègement après la fin du programme d'aide à la Grèce, en 2018, et surtout après les législatives allemandes de 2017.

"Sans le FMI à bord, il n'y a pas de programme", a concédé M. Schäuble, qui a relativisé les différences de vues avec l'institution.

"Nous avons des positions différentes mais nous ne nous disputons pas", a-t-il assuré aux journalistes qui l'interrogeaient sur le document diffusé lundi par le FMI sur l'allègement de la dette grecque.

La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, invitée à une conférence au Kazakhstan, a laissé le soin au chef de la mission du FMI en Grèce, Poul Thomsen, de négocier sur cette épineuse question mardi à Bruxelles.

Avec AFP