Les avocats burkinabè ont déserté les tribunaux de Ouagadougou, où certaines audiences n'ont pu se tenir. "C'est presque l'ensemble des juridictions qui sont paralysées", a déclaré à l'AFP un greffier du tribunal de grande instance de Ouagadougou, ayant requis l'anonymat.
"Le Conseil de l'ordre" des avocats a "décidé de l'arrêt de travail par tous les avocats du Burkina Faso" du "mardi 4 juin au samedi 8 juin inclus, sur toute l'étendue du territoire national", avait annoncé lundi le bâtonnier Siaka Niamba dans un communiqué.
"Les avocats devront, au cours de cette période, s'abstenir d'occuper ou de participer aux audiences devant toutes les juridictions sans exception", selon le bâtonnier.
Il s'agit notamment "d'interpeller les autorités sur le respect des règles régissant la procédure pénale au Burkina Faso à l'égard de toute personne mise en cause" et sur "le respect et l'exécution des décisions de justice par l'Etat", a écrit M. Niamba, ajoutant: "Sans ces impératifs, notre mission et celles de l'Etat de droit sont vaines".
Lire aussi : À peine libéré, un célèbre avocat burkinabè enlevé et incarcéréCette grève se tient après l'incarcération jeudi de Me Guy Hervé Kam à la Maison d'arrêt et de correction des armées (MACA), arrêté fin janvier, libéré mercredi, puis immédiatement interpellé de nouveau à Ouagadougou.
Le 7 mars, un tribunal avait ordonné sa libération immédiate. Une décision confirmée en appel le 23 avril. Me Kam est poursuivi pour "complot contre la sûreté de l'état" et "association de malfaiteurs", selon ses avocats et le parquet militaire.
Sa défense rapporte qu'il est accusé d'avoir, avec d'autres, "ourdi un complot pour tenter de renverser le régime" militaire "en place" et s'être "organisé pour attenter à la vie de certaines autorités".
Des accusations jugées "ridicules" par le collectif des avocats de Me Kam. Ils ont, ainsi qu'Amnesty international, exigé sa libération.
Guy Hervé Kam est notamment co-fondateur du Balai citoyen qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014.
Plusieurs cas d'enlèvements de personnalités considérées comme hostiles au régime militaire, au pouvoir depuis un coup d'Etat en septembre 2022 et dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois à Ouagadougou.