Cette ex-colonie portugaise traverse des turbulences politiques depuis la destitution en août 2015, par le président Vaz de son Premier ministre, Domingos Simoes Pereira, décision rejetée par le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir).
D'après leurs entourages, les deux hommes - membres du PAIGC, M. Pereira en étant le chef - ne s'entendaient pas sur la direction de ce pays de 1,6 million d'habitants, notamment au sujet de la corruption.
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Pendant des années, l'instabilité politique et la pauvreté ont facilité l'implantation de narcotrafiquants en Guinée-Bissau, sous la protection présumée de hauts responsables de l'armée.
Le président Vaz avait déjà nommé Baciro Dja comme Premier ministre le 20 août 2015. Cette nomination ayant été contestée par le PAIGC, elle avait été invalidée par la Cour suprême et M. Dja avait démissionné le 9 septembre. Il avait été remplacé par un vétéran du PAIGC, Carlos Correia, dont le gouvernement a été dissous le 12 mai.
La nomination de Baciro Dja comme nouveau Premier ministre a été accueillie par une manifestation de colère de militants du PAIGC, venus du siège de la formation à proximité de la présidence, dans le centre-ville, a constaté un journaliste de l'AFP.
Une centaine d'entre eux ont jeté des pierres en direction du palais présidentiel, à l'intérieur duquel étaient visibles des membres de la garde présidentielle et des soldats burkinabè de l'Ecomib, la force de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) déployée depuis 2012 dans le pays.
- 'Le gouvernement refuse de démissionner' –
La police anti-émeutes est intervenue en renfort à l'extérieur du bâtiment et a dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes, en menaçant, par la voix d'un de ses commandants, "de tirer sur quiconque franchirait les grilles du palais".
Certains manifestants ont aussi été frappés par des policiers. Le journaliste de l'AFP a vu deux blessés légers, des témoins ont affirmé en avoir compté une dizaine.
Le calme était revenu aux abords du palais présidentiel jeudi vers 22H00 locales (et GMT). Aucun incident similaire n'était signalé ailleurs en ville, à travers laquelle étaient visibles des policiers mais pas de militaires.
Plus tôt dans la journée de jeudi, José Mario Vaz avait annoncé aux représentants des cinq formations siégeant à l'Assemblée nationale, dont le PAIGC et le Parti de la rénovation sociale (PRS, opposition, deuxième parti du pays), son intention de nommer un nouveau Premier ministre, d'après des responsables politiques.
Le PAIGC avait réitéré son refus de reconnaître un chef de gouvernement désigné par le président, estimant que le choix du Premier ministre incombait au parti majoritaire au Parlement conformément à la Constitution.
"Nous n'accepterons pas un Premier ministre choisi par le Président", et "le PAIGC ne reconnaîtra aucun gouvernement" qu'il formera, avait déclaré devant la presse l'ex-Premier ministre Carlos Correia, qui s'est rendu avec certains ex-ministres devant les grilles du palais présidentiel. "Le gouvernement (limogé le 12 mai, NDLR) refuse de démissionner", avait aussi dit M. Correia, laissant présager un nouveau volet de la crise.
La lutte entre pro-Vaz et pro-Pereira perturbe le travail du gouvernement et du Parlement en dépit de plusieurs tentatives de médiation. Des tensions qui inquiètent la communauté internationale, qui avait salué le retour progressif à la légalité constitutionnelle depuis l'élection de M. Vaz en mai 2014 en Guinée-Bissau, ayant connu depuis son indépendance en 1974 des tentatives de coup d'Etat militaires à répétition.
"Nous sommes vraiment préoccupés par l'impasse qui continue en Guinée-Bissau et qui crée une situation difficile pour la population parce qu'avec le blocage, aujourd'hui, c'est difficile même pour les partenaires de la Guinée-Bissau de travailler avec le gouvernement", avait déclaré le 20 mai à Dakar le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Afrique de l'Ouest et au Sahel, Mohamed Ibn Chambas.
Avec AFP