"J'accorde l'amnistie totale à tous les citoyens condamnés par les tribunaux (...) pour des délits politiques dans l'exercice de leur activité, purgeant ou non leur peine", stipule le décret présidentiel en précisant que l'amnistie concerne également toute personne "privée de liberté ou empêchée d'exercer son droit politique dans le pays".
Cette mesure spectaculaire dans un pays dirigé d'une main de fer par le président Obiang depuis 1979, survient à moins de deux semaines d'un "dialogue national" qu'il a lui-même convoqué.
Le décret présidentiel précise que ce dialogue, annoncé en juin, se tiendra "du 16 au 21 juillet".
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L'amnistie "doit permettre une large participation de tous les acteurs politiques" à ce dialogue "entre le gouvernement et les partis politiques légalisés, acteurs politiques de l'intérieur et de la diaspora, société civile et confessions religieuses", selon le président.
Il s'engage à garantir "liberté" et "sécurité" à tous les participants à ce dialogue auquel doivent également assister, en tant qu'observateurs, des représentants de la communauté internationale, dont François Lounceny Fall, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique centrale (Onuca).
L'amnistie était l'une des principales conditions posées par l'opposition de l'intérieur et de la diaspora pour prendre part à ce dialogue national.
Jusqu'alors, les dirigeants du principal parti d'opposition équato-guinéen, Citoyens pour l'innovation (CI), ont affirmé ne pas avoir été conviés au dialogue national.
CI a été dissous fin février en raison de la "menace qu'il constitue pour la sûreté de l'État", à la suite de la condamnation de 21 militants à plus de trente ans de prison pour "sédition, désordre public, atteintes à l'autorité et blessures graves". Il réclame l'annulation de sa dissolution depuis.
Toutefois, "l'amnistie totale" décrétée par Teodoro Obiang Nguema, devrait théoriquement permettre la libération des prisonniers membres de ce parti qui avait été légalisé en 2014 à l'issue d'un précédent dialogue national de moindre envergure que celui qui doit avoir lieu prochainement.
CI dénonce régulièrement les exactions dont sont victimes ses militants emprisonnés. Mardi soir il a affirmé que l'un d'eux était mort récemment en prison à Evinayong (centre) des suites de "tortures" en début de semaine.
Les autorités militaires et le directeur de la prison d'Evinayong ont refusé que le prisonnier reçoive des soins, selon ce parti d'opposition.
En février, l'Union européenne s'était inquiétée de la "forte détérioration de la situation des droits de l'homme" en Guinée équatoriale, petit pays pays pétrolier d'Afrique centrale.
Avec AFP