Une délégation de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a rencontré vendredi le président déchu de la Guinée, Alpha Condé, et les membres de la junte qui l'a renversé, dans l'espoir de ramener le pays vers un régime constitutionnel dirigé par des civils.
M. Condé, qui était au pouvoir depuis 2010, est détenu par la junte, le Comité national de rassemblement et de développement (CNRD), depuis le coup d'État de dimanche dernier.
"Nous avons rencontré les membres du CNRD. Nous avons également rencontré l'ancien chef de l'État", a déclaré Jean-Claude Brou, le président de la Commission de la CEDEAO, lors d’un point de presse dans la capitale Conakry.
La CEDEAO a suspendu la Guinée de ses instances mercredi, mais n'a pas imposé de sanctions, affirmant qu'elle attendait les résultats de la mission à Conakry. Pour sa part, l’Union africaine, instance suprême sur le continent, a aussi suspendu la Guinée.
Retour aux régimes militaires
Le coup d'État, le troisième depuis avril après ceux du Mali et du Tchad, a intensifié les craintes d'un retour aux régimes militaires.
La délégation de la CEDEAO comprenait également le ministre ghanéen des affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway, et le ministre burkinabé des affaires étrangères, Alpha Barry.
Ils ont prévu de faire pression sur la junte pour qu'elle nomme un premier ministre civil dès que possible afin de ramener la Guinée vers l'ordre constitutionnel, a déclaré jeudi à Reuters un haut responsable régional.
La junte est dirigée par le colonel Mamady Doumbouya, un ancien officier de la Légion étrangère française. Elle a nommé des officiers de l'armée à la tête des administrations régionales et a ordonné jeudi à la banque centrale et à d'autres banques de geler tous les comptes du gouvernement afin de sécuriser les biens de l'État.
Le putsch a été condamné par les partenaires, y compris les États-Unis, qui ont nié jeudi toute implication après l'apparition d'une vidéo montrant des soldats américains dans une foule de Guinéens en liesse pendant le déroulement du coup d'État dimanche.
Le département d'État américain a déclaré qu'une petite équipe américaine avait participé à un exercice d'entraînement militaire conjoint à l'extérieur de Conakry.
"Compte tenu de l'évolution de la situation sécuritaire, il a été décidé que l'équipe serait transférée à l'ambassade des États-Unis à Conakry. Les forces de sécurité guinéennes ont fourni une escorte jusqu'à Conakry pour assurer le passage de l'équipe en toute sécurité", a déclaré le ministère.
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