Après plusieurs mois de contestation par l'opposition, souvent émaillée de violences meurtrières, des résultats des élections locales du 4 février, un accord avait été conclu en août avec le pouvoir sur la répartition des exécutifs communaux entre les forces politiques.
Mais depuis début octobre, l'opposition a repris ses journées ville morte et ses manifestations, accusant le gouvernement de violer cet accord et de corrompre ses élus pour s'assurer le contrôle d'une large majorité des communes du pays.
Les jeunes manifestants - estimés à quelques centaines par les journalistes, un millier par les organisateurs - entendaient défiler du grand stade de Conakry au Palais du peuple, siège de l'Assemblée nationale. Disséminés, ils ont soudain tenté de rejoindre leurs leaders qui sortaient du domicile du chef de l'opposition Cellou Dalein Diallo, lui-même actuellement à l'étranger.
Les forces de l'ordre ont alors lancé des gaz lacrymogènes et érigé des barricades avec les pick-ups de la gendarmerie, faisant refluer les manifestants, dont quatre ont été légèrement blessés.
Dès les premières heures, policiers et gendarmes casqués et munis de matraques avaient bouclé tout le secteur. "Aucun attroupement n'est autorisé ici et celui qui essayera de s'aventurer dans ce périmètre recevra une dose de gaz lacrymogène", avait indiqué un agent des forces de l'ordre en faction devant le grand portail du stade.
Une manifestation similaire avait été dispersée le 22 novembre, quelques jours après le déploiement par le gouvernement d'éléments de l'armée auprès des forces de l'ordre sur le principal axe de circulation de Conakry, qui traverse plusieurs banlieues favorables à l'opposition.
Ce dispositif répond à "une situation toute particulière", avait déclaré la semaine dernière le gouverneur de la capitale, Mathurin Bangura. "Il y a eu tellement de tueries que la décision a été prise par le gouvernement d'installer les forces de sécurité sur l'axe", avait-il indiqué.
Lors du Conseil des ministres du 22 novembre, le président Alpha Condé a justifié le recours "aux forces de défense dans les zones réputées dangereuses pour la libre circulation des personnes et de leurs biens", selon un communiqué officiel, "tout en précisant que le maintien de l'ordre reste du monopole de la police et de la gendarmerie".