Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah ont été arrêtés par "un groupe de militaires encagoulés et certains en tenue civile lourdement armés", a indiqué le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), mouvement pour la démocratie qui parle de "kidnapping" . Ils sont "détenus à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie", précise le FNDC.
Lire aussi : Massacre de 2009 en Guinée : le jugement mis en délibéré au 31 juilletUn responsable du ministère de la Justice interrogé par l'AFP s'est refusé à tout commentaire. Leur arrestation est la dernière en date d'une longue série en cours depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, aujourd'hui investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en septembre 2021.
Le FNDC, collectif de la société civile créé en 2019 pour s'opposer, vainement, à un troisième mandat du président Alpha Condé (renversé en 2021), a continué à opérer sous la junte. Il est l'une des dernières voix de l'intérieur à contester le pouvoir et à tenter de mobiliser pour un retour des civils à la tête de ce pays pauvre à l'histoire récente troublée et violente.
Les autorités ont prononcé la dissolution du FNDC en 2022 après avoir interdit toute manifestation. Les grands partis sont réduits à l'inaction. Nombre de dirigeants de l'opposition ont été arrêtés, mis en cause devant les juges ou poussés à l'exil.
Foniké Menguè, coordinateur national du FNDC, a été arrêté à plusieurs reprises sous Alpha Condé et Mamadi Doumbouya. Il a passé plusieurs mois en prison. Mamadou Billo Bah, responsable des antennes et de la mobilisation du FNDC, a été détenu près de quatre mois en 2023.
Des manifestations pour la libération des deux hommes, d'un troisième responsable du FNDC et de tous les prisonniers considérés comme politiques avaient alors causé la mort de sept personnes, selon l'opposition, ce qu'avait contesté la police.
L'arrestation de Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah "intervient quelques jours seulement après l’annonce de la mobilisation citoyenne pour le rétablissement des fréquences des médias retirées, contre la détérioration des conditions de vie (des Guinéens avec les coupures d'électricité, ndlr) et d'autres impairs", dit le FNDC.
Les autorités ont retiré le 22 mai leur agrément à quatre radios et deux télévisions parmi les principaux médias privés de Guinée.