L'appel lancé par les centrales syndicales des secteurs public, privé et informel du pays vise à obtenir la baisse des prix des denrées de première nécessité, la fin de la censure médiatique et la libération d'un syndicaliste de presse. Elles ont reçu le soutien des principaux partis politiques et de la plupart des organisations de la société civile.
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Cette mobilisation est lancée dans un climat de tension sociale grandissante et en l'absence de gouvernement, depuis que la junte a annoncé contre toute attente sa dissolution il y a une semaine sans en donner les raisons, mais en ordonnant le gel des comptes bancaires de ses membres et la saisie de leurs passeports. Le mot d'ordre a été suivi. Conakry ressemble à une ville morte lundi matin. Les routes, habituellement bondées, sont vides. Les banques, écoles, commerces sont fermées.
Le grand marché de Madina, poumon économique de Conakry, est désert. Depuis dimanche soir, des jeunes ont installé des barricades sur certains grands axes. La présence policière reste discrète en milieu de journée. "Cette grève est la bienvenue, elle va obliger les autorités à comprendre qu'ils ne sont pas des Dieux sur terre", a déclaré un cadre d'un ministère qui a requis l'anonymat. "Je suis en grève parce que le Guinéen est malade de la souffrance artificiellement créée et entretenue par nos gouvernants", a-t-il ajouté.
Manifestations interdites
La contestation est devenue exceptionnelle sous le général Mamadi Doumbouya, aujourd'hui à la tête de ce pays parmi les moins développés au monde en dépit de ses ressources naturelles. Le général Doumbouya n'a pas pris la parole depuis le début de l'année 2024, malgré un contexte tendu et aggravé dans la capitale par une explosion et un incendie meurtriers dans le principal dépôt d'hydrocarbures du pays, qui a paralysé la Guinée plusieurs semaines.
La junte a interdit toute manifestation. Elle a réprimé l'opposition, largement réduite à l'impuissance. La junte a sévi récemment contre un certain nombre de médias en supprimant des chaînes de télévision des principaux bouquets de distribution et en brouillant des fréquences radio, provoquant des manifestations de colère, en particulier de journalistes. L'un d'eux, Sekou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG), a été condamné vendredi à six mois de prison doit trois avec sursis. Les syndicats exigent sa libération.
La junte a consenti, sous la pression internationale, à annoncer qu'elle allait rendre la place à des civils élus d'ici à fin 2024, le temps, dit-elle, de mener de profondes réformes.