La junte guinéenne ouvre une conférence de réconciliation, largement boycottée

Le colonel Mamady Doumbouya (photo de droite), qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021 et s'est depuis lors fait investir président, a placé ces "assises" sous le signe de la "réconciliation" et du "pardon".

Le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, a ouvert mardi une conférence de six semaines qu'il a présentée comme une occasion "historique" de panser les plaies d'un passé troublé, mais que nombre d'organisations politiques ont boycottée.

Le colonel Mamady Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021 et s'est depuis lors fait investir président, a placé ces "assises" sous le signe de la "réconciliation" et du "pardon", après des décennies d'histoire souvent brutale, où "nous n'avons pas cessé de nous faire du mal".

Il a continué à ne rien dire sur l'échéance à laquelle il entend honorer son engagement de rendre le pouvoir à des civils élus. De nombreuses voix se sont élevées pour exprimer leur scepticisme devant ces assises, au contenu et aux objectifs vagues.

"Chacun de nous ici dans ce pays a subi des brutalités, les plaies sont là, béantes; il est temps qu'on les nettoie, qu'on y apporte des pansements", a dit le colonel Doumbouya au palais Mohammed-V à Conakry. "Partant de ce constat, j'ai tenu à l'organisation de ces assises nationales, dénommées journées de vérité et pardon, pour donner une occasion historique aux Guinéens de se regarder en face, bien en face, les yeux dans les yeux, et de se parler franchement", a-t-il ajouté.

"Un de mes combats à la tête de notre pays est d'offrir à ses prochains dirigeants une nation rassemblée, unie, forte et prospère", a-t-il déclaré. "Nous ne pourrons pas faire l'économie de marcher en cadence, droit dans nos bottes, si nous voulons remporter la victoire", a-t-il dit. Ces assises, déclinées à Conakry et à l'intérieur du pays, dureront jusqu'au 29 avril, a-t-il dit.

L"Alliance nationale pour l'alternance et la démocratie (Anad) a décidé de ne pas y prendre part, avait indiqué au préalable à l'AFP Aliou Condé, un responsable de l'Union des forces démocratiques de Guinée, principal parti guinéen et membre de cette alliance d'une vingtaine d'organisations.

"Nous ne savons pas de quoi il s'agit, de quoi nous allons discuter pendant plus d'un mois", a-t-il dit.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un collectif ayant orchestré des mois de contestation en Guinée en 2019-2020, avait également dit son intention de rester à l'écart.

La Guinée a été dirigée pendant des décennies par des régimes autoritaires ou dictatoriaux et est coutumière des violences politiques meurtrières. Les dernières années de la présidence d'Alpha Condé ont été marquées par des mois de contestation sévèrement réprimée, avant son renversement par les militaires en 2021.

Après l'accueil initialement favorable fait aux putschistes, la grogne va grandissant contre un exercice autoritaire et solitaire du pouvoir.