Le FNDC, une coalition guinéenne, appelle à manifester contre la junte

Des manifestants lancent des pierres à la police anti-émeute lors d'une manifestation non autorisée appelée par l'opposition contre le président à Conakry le 5 mars 2020

Une importante coalition de partis, de syndicats et d'organisations de la société civile en Guinée a appelé jeudi à manifester contre la junte au pouvoir, bravant l'interdiction des nouvelles autorités.

Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), va organiser "une série de manifestations citoyennes et pacifiques dans le Grand Conakry, le jeudi 28 juillet 2022, et sur toute l’étendue du territoire national, le jeudi 4 août 2022", selon un communiqué.

La coalition entend ainsi dénoncer la "gestion unilatérale de la transition" par la junte, son "mépris et son arrogance" ainsi que son "refus systématique d’ouvrir un cadre de dialogue crédible" pour définir les termes de la transition.

Elle veut aussi protester contre "l’instrumentalisation de la justice par la junte"ainsi que son "refus obstiné" de publier la liste nominative de ses membres et de se soumettre à l’obligation de faire la déclaration de leurs biens".

Your browser doesn’t support HTML5

Des médiateurs de la Cedeao en pourparlers avec la junte guinéenne

Le FNDC avait orchestré des mois de mobilisation de 2019 à 2021 contre le président Condé (2010-2021), avant que ce dernier ne soit finalement renversé par la junte.

Cette reprise des manifestations intervient au lendemain d'une rencontre à Conakry entre des médiateurs ouest-africains, dont l'ex-président béninois Thomas Boni Yayi, et le chef de la junte et des officiels guinéens.

Le colonel Mamady Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre le président Condé, s'est engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), favorable à une transition d'une durée moindre, a rejeté le 3 juillet ce délai, lors d'une réunion à Accra, sans annoncer de nouvelles sanctions contre la Guinée, déjà suspendue des organes de l'organisation.

Le FNDC avait déjà appelé à manifester le 23 juin, passant outre l'interdiction édictée par la junte. Il avait toutefois suspendu son appel la veille de la manifestation, pour "donner une chance" au dialogue proposé par le gouvernement de transition.

Mais après la dernière réunion avec celui-ci, le FNDC avait dénoncé "une parodie de rencontre", ainsi que "la conduite solitaire et autoritaire de la transition" et "les atteintes graves portées aux droits et libertés fondamentaux".

La reprise des manifestations intervient également après qu'Oumar Sylla alias Foniké Menguè, coordonnateur du FNDC, a été "empêché de sortir du pays sur instruction de la junte" qui a refusé qu'il embarque lundi à l'aéroport de Conakry, selon le FNDC.

Il devait prendre part à une réunion organisée par des organisations de la société civile ouest-africaine.

Il avait déjà été violemment interpellé le 5 juillet, avec deux autres leaders du mouvement, provoquant de violentes manifestations spontanées. Ils avaient tous trois été relaxés à l'issue d'un procès où ils étaient jugés pour "outrage à magistrat".