"Anacleto Micha Ndong Nlang est accusé d'être responsable des incendies qui se sont produits ces derniers jours dans la ville de Malabo", a indiqué sur sa page Facebook la plateforme citoyenne Somos+ qui lutte pour les droits humains en Guinée équatoriale. Elle indique avoir recueilli cette information du principal intéressé en lui rendant visite à la gendarmerie vendredi.
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"La plateforme civile Somos+ exige la libération immédiate du camarade Anacleto Micha Ndong Nlang et de tous les prisonniers politiques et prisonniers d'opinion incarcérés dans les prisons nationales", conclut le communiqué.
Les ONG internationales et l'ONU dénoncent régulièrement la répression de toute dissidence en Guinée équatoriale. L'association Guinea Ecuatorial También Es Nuestra (La Guinée est aussi à nous), dont Anacleto Micha Ndong Nlang est président, n'est pas reconnue mais seulement tolérée par le pouvoir, ce qui contraint la plupart de ses cadres à vivre en exil, en Espagne notamment.
Dans son communiqué, daté de vendredi, elle exhorte le gouvernement "à prendre des mesures concrètes pour mettre fin aux détentions arbitraires, à la torture et à la persécution politique en Guinée équatoriale".
Anacleto Micha Ndong Nlang avait déjà été emprisonné pendant 271 jours pour avoir porté assistance à des personnes, dont des femmes et des enfants, lors du siège d'un parti politique d'opposition en septembre 2022. Il avait également été brièvement arrêté en décembre 2023.
Dimanche 21 janvier, une tribune accueillant des évènements officiels ainsi qu'une fourrière avaient été incendiées dans la capitale, Malabo. Dans une publication sur X (ex-Twitter), le groupe d'activistes ACDC Nationalista (Action de sensibilisation à la démocratie citoyenne) a posté une vidéo des pompiers maitrisant l'incendie de la tribune. La vidéo était accompagnée de la légende suivante: "Nous continuerons à brûler encore plus d'endroits s'ils ne nous montrent pas Gabriel Nze Obiang vivant...".
Le mouvement fait référence à l'opposant politique équato-guinéen, dirigeant du parti d'opposition Citoyen pour l'innovation (CI), condamné à 29 ans de prison en juin 2023 pour "homicide, exercice abusif des droits fondamentaux, insultes aux forces de sécurité, et possession illégale de munitions", dans un procès de masse dont le pays est coutumier.
Le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, dit Teodorin, fils aîné du chef de l'Etat, a qualifié les récents incendies d'actes de "terroristes" et a demandé à l'armée d'élaborer "un plan stratégique pour repousser d'éventuelles attaques du groupe terroriste ACDC."
Ce petit Etat d'Afrique centrale au régime des plus fermés et des plus autoritaires au monde, est dirigé depuis plus de 44 ans par le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 81 ans. Il a été réélu, sans surprise, pour un sixième septennat et détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d'Etat encore vivant, hors monarques.