"Ils ont exclu des communautés de Namibiens (...) Ce que le gouvernement (namibien, ndlr) a fait est de l'apartheid", a asséné Edson Isaacks, du parti d'opposition Landless people's movement Namibia (LPM), estimant que les négociations entre les deux gouvernements ont abouti à un "accord au rabais".
Après plus de cinq ans d'âpres négociations, l'Allemagne a reconnu fin mai avoir commis "un génocide" sur ce territoire d'Afrique australe qu'elle a colonisé entre 1884 et 1915 et a annoncé le versement de plus d'1,1 milliard d'euros d'aides au développement sur 30 ans.
Lire aussi : Génocide: des Namibiens rejettent un accord "irrespectueux" avec l'AllemagneL'accord, accepté par le gouvernement namibien comme un "pas dans la bonne direction", est rejeté par de nombreux Namibiens, dont les représentants des communautés Herero et Nama, qui affirment ne pas avoir été invités à la table des négociations.
"Vous nous avez trahis", a accusé un autre député du LPM, Utaara Mootu.
"Cet accord peut être signé entre l'Allemagne et le gouvernement namibien, mais la grande majorité et les peuples Nama et Herero le rejetteront avec le mépris qu'il mérite", a mis en garde Josef Kauandenge, à la tête d'un autre parti d'opposition, la National Unity Democratic Organisation (NUDO).
Selon le Premier ministre namibien, Saara Kuugongelwa-Amadhila, qui a appelé devant le Parlement "à rester unis", les communautés concernées ont été "pleinement consultées pendant les négociations".
L'accord doit être signé par les ministres des Affaires étrangères des deux pays à une date qui n'a pas encore été fixée. L'Allemagne s'est également engagée à présenter des excuses officielles.
Cet accord est aussi critiqué pour le montant de la compensation en aides, jugé "insultant" par les représentants des deux communautés.
La semaine dernière, le vice-président namibien a reconnu que la somme d'1,1 milliard d'euros était "insuffisante", assurant qu'elle serait renégociée au fur et à mesure de la mise en œuvre des projets.
L'aide, qui doit profiter aux descendants des deux tribus, servira notamment à l'acquisition de terres, à la construction de routes en milieu rural, à l'adduction d'eau et à l'assainissement. Cinquante millions d'euros seront aussi consacrés à la préservation des archives du passé colonial de la Namibie.
Les crimes commis en Namibie pendant la colonisation allemande empoisonnent depuis de nombreuses années les relations entre les deux pays. Les massacres d'au moins 60.000 Herero et environ 10.000 Nama par l'armée et des colons allemands, entre 1904 et 1908, sont considérés par de nombreux historiens comme le premier génocide du XXe siècle.
Les autorités namibiennes exigeaient des excuses officielles et des réparations mais l'Allemagne s'y était à plusieurs reprises opposée, invoquant les millions d'euros d'aide au développement versés à la Namibie depuis son indépendance en 1990.