M. Kayishema, 62 ans, qui était jusqu'à son arrestation l'un des quatre derniers fugitifs recherchés pour leur rôle dans le génocide qui a causé la mort de 800.000 Rwandais, en majorité tutsi, par des extrémistes hutu, est apparu impassible sur le banc de accusés.
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Silhouette trapue enveloppée dans une parka bleue, chauve et portant de fines lunettes, le sexagénaire, entouré d'officiers armés portant casques et gilets pare-balles, a reconnu être l'homme recherché par la justice et la police internationale. Passé maître dans l'emprunt d'identités, il utilisait dernièrement le nom de Donatien Nibashumba.
Repéré dans une exploitation agricole à Paarl, à une soixantaine de km du Cap, il a été arrêté mercredi avec l'aide d'Interpol en Afrique du Sud, avaient annoncé jeudi les procureurs de l'ONU. "Un message puissant montrant que ceux soupçonnés d'avoir commis de tels crimes ne peuvent pas échapper à la justice", selon le porte-parole du chef de l'ONU, Stéphane Dujarric.
M. Kayishema était visé par un mandat d'arrêt émis par le Mécanisme international (MICT) chargé depuis 2015 d'achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) mis en place par l'ONU après le génocide. Il aurait bénéficié, pour brouiller les pistes des enquêteurs, de l'aide de parents ainsi que de membres des ex-Forces armées rwandaises et des Forces démocratiques de libération du Rwanda et de personnes adhérant à l'idéologie génocidaire du Hutu Power.
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Au cours de cette première comparution, la question de son extradition vers le Rwanda n'a pas été abordée. L'accusé a été placé en détention provisoire dans la prison de haute sécurité de Pollsmoor près du Cap; la prochaine audience est prévue le 2 juin.
"Planification et exécution"
Fulgence Kayishema était inspecteur de police judiciaire pendant le génocide au Rwanda. Il était "l'un des fugitifs les plus recherchés au monde pour génocide", selon la justice internationale. L'accusé a "directement participé à la planification et à l'exécution" du massacre de plus de 2.000 Tutsi réfugiés dans l'église de Nyange, dans la commune de Kivumu (nord-est), "notamment en se procurant et en distribuant de l'essence pour incendier l'église avec les réfugiés à l'intérieur", selon les procureurs de l'ONU.
"Lorsque cela a échoué, M. Kayishema et d'autres ont utilisé un bulldozer pour que l'église s'effondre, enterrant et tuant les réfugiés à l'intérieur", selon l'acte d'accusation. Il aurait également, dans les jours suivants, participé à la supervision du macabre transfert des cadavres de l'église vers des fosses communes.
L'ex-fugitif est inculpé par la justice internationale de génocide, complicité de génocide, complot en vue de commettre le génocide et de crimes contre l'humanité. Le TPIR a condamné au total 62 personnes. D'autres, comme Augustin Bizimana, l'un des principaux architectes du génocide, sont morts sans avoir affronté la justice internationale.
Le procès de Félicien Kabuga, financier présumé du génocide, s'est ouvert en septembre 2022, mais été suspendu en mars le temps de décider s'il est en assez bonne santé pour rester sur le banc des accusés.
L'association de survivants du génocide, Ibuka, très active dans les recherches pour faire arrêter les responsables, a dit espérer que lors du procès de Fulgence Kayishema, "les rouages de la justice ne connaîtront pas les types de retards que le procès Kabuga a connus". Trois fugitifs sont toujours recherchés par la justice internationale pour leur rôle présumé dans le génocide rwandais.