Des régions entières en Haïti restaient toujours coupées dimanche matin du reste du pays près d'une semaine après l'arrivée de l'ouragan, mais l'ampleur des besoins humanitaires apparaissait déjà.
"Sur une population d'1,3 million d'habitants dans le Grand Sud, avec un taux de pauvreté de 60 à 70%, nous ne sommes pas loin d'avoir un million de personnes qui ont besoin en urgence d'aide humanitaire", a déclaré à l'AFP Mourad Wahba, coordonnateur humanitaire des Nations Unies en Haïti.
Un premier avion affrété par les Etats-Unis a livré samedi à Port-au-Prince une partie des plus de 480 tonnes de secours que les Américains vont envoyer en Haïti, de quoi satisfaire les besoins urgents de 100.000 personnes.
La France a prévu d'acheminer avec deux avions deux stations de potabilisation de l'eau, 60 experts de la sécurité civile, des kits médicaux contre le choléra ainsi que du matériel humanitaire de première urgence. Deux hélicoptères sont déjà sur place pour participer aux missions de reconnaissance et de transport de matériel de secours.
Dans le plus pauvre pays de la Caraïbe, les ONG présentes depuis des années étaient en train d'évaluer les besoins des zones les plus touchées.
Très active en Haïti notamment dans la lutte contre l'épidémie de choléra, Médecins sans frontières a déployé 26 personnes à travers le pays pour mieux déterminer où et comment oeuvrer.
- Anéantissement de l'économie rurale -
Si l'aide médicale et alimentaire d'urgence est vitale, M. Wahba veut aussi attirer l'attention sur les conséquences à long terme de l'anéantissement de l'économie rurale.
En effet, la destruction à 80% voire en totalité des plantations agricoles va inéluctablement entraîner un déplacement des populations rurales vers les centres urbains, la capitale Port-au-Prince mais aussi des villes du sud du pays.
"Le grand danger de l'aide humanitaire serait de se focaliser sur les centres urbains dans le sud parce que, à ce moment-là, les gens des mornes et des petits villages viendront chercher de l'aide à Jérémie et aux Cayes et ne quitteront jamais ces villes", a mis en garde le responsable onusien.
"Au-delà de la bonne volonté de l'aide, il faut penser à un développement davantage planifié, pouvoir coordonner cette aide et la déplacer là où elle est nécessaire et pas là où elle est le plus facile d'accès", a-t-il relevé.
Autrement dit: permettre aux Haïtiens de gérer eux-mêmes la reconstruction des régions affectées est un impératif pour ne pas répéter le fiasco post-séisme de 2010.
Après son passage sur les Caraïbes, Matthew a frappé depuis jeudi soir les côtes du sud-est des Etats-Unis. Mais après s'être montré extrêmement menaçant lorsqu'il était à proximité de la Floride, Matthew s'est affaibli et n'était plus dimanche matin qu'une tempête post-cyclonique. A 15H00 GMT, il soufflait à 120 km/h et se dirigeait vers le grand large après un virage vers l'est.
Ses effets se faisaient encore ressentir sur la côte américaine, à cause de l'importante montée des eaux notamment en Caroline du Nord qui est le dernier Etat atteint. Son gouverneur Pat McRory a annoncé dimanche matin qu'au moins sept personnes étaient mortes à cause de l'ouragan.
Le bilan aux Etats-Unis atteignait au moins 17 morts, dont cinq en Floride, quatre en Géorgie et un en Caroline du Sud, selon les décomptes des autorités locales.
Devenu ouragan le 29 septembre, il a traversé les Caraïbes du sud au nord, affectant également la Colombie, la Jamaïque, la République dominicaine (au moins quatre morts), ainsi que Cuba et les Bahamas.
Avec AFP