Qui pour sauver Harvard ? L’université dont la présidente Claudine Gay a démissionné début janvier 2024, sur fond d’accusation de plagiat et de complaisance face à l’antisémitisme, se trouve dans le chaos.
Lire aussi : Le cas Claudine Gay révélateur des tensions culturelles aux États-UnisLe départ de cette dirigeante – la première femme noire de l’histoire de l’institution – six mois seulement après sa nomination, n’a pas apaisé les tensions. Le groupe de travail censé lutter contre la controverse antisémite sur le campus au milieu d’une enquête du Congrès, est l’objet d’une défiance du public.
En cause, l’identité de son président : Derek Jonathan Penslar. Le choix de ce professeur d'histoire juive est en effet contesté à cause de ses prises de position anti-Israël.
Il avait notamment affirmé en août 2023, dans une lettre co-signée avec plus de 2000 autres universitaires, que le gouvernement Netanyahou faisait du "nettoyage ethnique de la population palestinienne dans les territoires sous autorité israélienne".
Appels au changement
"Pourrait-on imaginer qu'Harvard nomme à la tête d'un groupe de travail contre le racisme quelqu'un qui aurait minimisé le problème ? ", s’est demandé l’ancien président de l’université Lawrence Summers, pointant "un exemple de double standard entre l'antisémitisme et d'autres formes de préjugés".
Le milliardaire Bill Ackman, ancien étudiant et un des plus grands critiques de Claudine Gay, a quant à lui affirmé que "Harvard était sur le chemin des ténèbres" à travers cette désignation de Derek Penslar.
Grand donateur de l’université, il milite pour un changement de gouvernance en ciblant notamment la politique de diversité qu'il juge anti-méritocratique. L’investisseur soutient pour ce faire des candidats dissidents dans le cadre du renouvellement du Conseil de surveillance de l’université prévu au printemps prochain.
L’ancien étudiant Mark Zuckerberg, par ailleurs fondateur de Facebook, a lui aussi pris part au débat vendredi 26 janvier 2024 en adoubant la candidature de son ancien collègue Sam Lessin.
De vieux démons
"Harvard s’est éloigné de son objectif unique de vérité pour adopter des objectifs doubles ou triples concernant la politique", observe ce dernier, s’interrogeant sur le bien-fondé de la politique d’inclusion.
Certains craignent que de telles remises en cause concernant une université dont l’histoire est aussi ancrée dans l’esclavage et le racisme, ne fassent resurgir les démons du passé.
Une enquête interne a révélé en 2019 que les étudiants noirs, musulmans et autres minorités à Harvard ont un sentiment d'appartenance beaucoup plus faible et se sentent beaucoup moins libres d'être eux-mêmes au sein du campus que les étudiants blancs et asiatiques.
Le prochain dirigeant aura fort à faire pour redorer l’image de ce centre d’excellence qui a connu fin 2023, son plus bas niveau d'admissions depuis quatre ans (7 921 contre 9 553 en 2022).