Heynckes relance le suspense sur son avenir

Jupp Heynckes juste après son prix d'entraineur FIFA de l'année 2013, Zurich le 13 janvier 2014

"Je n'ai jamais dit que j'arrêtais le 30 juin!" Jupp Heynckes, l'entraîneur de 72 ans du Bayern, a relancé à la surprise générale le suspense sur son avenir sur le banc munichois.

L'homme qui a succédé au pied levé à Carlo Ancelotti en octobre, après un début de saison calamiteux du club bavarois, avait pourtant donné des signaux très clairs: il allait occuper le poste jusqu'au 30 juin pour remettre de l'ordre dans l'équipe, par pure passion pour le Bayern et amitié pour son président Uli Hoeness.

Puis il repartirait dans sa résidence rhénane, à près de 700 km de Munich, où il coulait des jours heureux depuis sa retraite, après le glorieux triplé Championnat/Coupe/Ligue des champions de 2013 avec le Bayern.

Problème: Heynckes a réussi au delà de toute attente, et s'est transformé en magicien! Avec 24 victoires en 26 matches sur le banc, il est en train de propulser l'équipe vers un sixième titre consécutif de champion d'Allemagne, l'a déjà quasiment qualifiée pour les quarts de finale de la Ligue des champions (victoire 5-0 à l'aller contre Besiktas en huitième), et est toujours en course en Coupe d'Allemagne.

"Tous les joueurs l'aiment. L'ambiance au club est sereine. Nous serions très mal inspirés de le laisser partir sans nous battre", disait en janvier Karl-Heinz Rummenigge, l'homme fort du Bayern.

Du coup, à chaque conférence de presse, à chaque interview d'avant ou d'après-match, la question lui est reposée: "Allez-vous rester?".

"J'ai un contrat qui court jusqu'au 30 juin. Il n'y a rien d'autre à dire", répondait-il sèchement, de plus en plus irrité au fil des semaines par l'insistance des journalistes.

Dans plusieurs interviews, il a expliqué que son travail lui demandait énormément d'énergie: "Je vais avoir 73 ans en mai, et je continuerais à faire un travail comme ça? C'est très intensif, et je le dis franchement: ça me coûte beaucoup en terme de qualité de vie".

"Je suis seul ici, je n'ai pas de vie privée", ajoutait ce vieux lutteur, qui vit à l'hôtel à Munich, loin de son épouse et de son chien Cando, ("qui ne mange plus pendant deux jours chaque fois que je repars"), fidèle compagnon de sa retraite.

Ces propos, et d'autres du même tonneau, ont fini par convaincre que sa décision était prise d'arrêter en fin de saison.

Ce vendredi, de nouveau pressé de questions à la veille de recevoir Hambourg en Bundesliga, il s'est d'abord énervé, comme d'habitude: "Vous ne me parlez que de ça! J'aimerais bien que les médias s'intéressent un peu au football. La seule chose importante pour vous c'est: qui sera l'entraîneur la saison prochaine? Mon Dieu!".

Puis, sans préavis, il a lâché la phrase qui a provoqué une tempête dans les rédactions: "Je n'ai jamais dit que j'arrêtais définitivement le 30 juin. Vous m'avez entendu dire ça? Non!".

Et les commentaires élogieux de la semaine passée sur Thomas Tuchel, interprétés comme un adoubement de l'ex-coach de Dortmund? "J'ai parlé d'un possible successeur. Je n'ai pas parlé de la date de la succession", a-t-il rétorqué.

Avant de livrer, qui sait, une clé pour comprendre son hésitation: "Je ne dis rien de définitif, parce que je sais comment l'opinion publique réagit. Et nous avons besoin d'encore un peu de calme, pour arriver peut-être à réaliser nos rêves".

Avec AFP