Les membres des "Cobras", les unités de la police anti-émeute, soutenus par d'autres policiers, sont sortis de leurs casernes, situées dans le nord de Tegucigalpa, la capitale, pour signifier leur refus de faire appliquer le couvre-feu et réprimer les manifestants qui protestent depuis la semaine dernière contre le scrutin.
Des centaines d'habitants du voisinage ont accouru pour les applaudir, certains arborant des pancartes portant l'inscription "J'aime la police".
"La vérité, c'est que nous ne voulons plus nous battre contre le peuple", a déclaré à l'AFP un des policiers, le visage recouvert d'un passe-montagne.
A 18H00 locales (00H00 GMT mardi), heure de l'entrée en vigueur du couvre-feu, d'autres unités de la police sont arrivées à la caserne des "Cobras" pour leur apporter leur soutien, formant un cortège de motos et de véhicules de patrouille, toutes sirènes hurlantes.
"Ce que nous exigeons, c'est que la paix s'installe, que ce problème soit résolu et qu'il n'y ait plus de mort, plus de sang", a ajouté le policier à l'AFP, faisant allusion aux affrontements post-électoraux.
Les autorités ont affirmé de leur côté que les policiers manifestaient en réalité pour des questions salariales.
Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur, Julian Pacheco, a ainsi assuré que les policiers avaient été incités à se mutiner pour une affaire de retard supposé de paiement des salaires et que ceux-ci avaient été réglés.
Lundi, les autorités électorales ont annoncé avoir enfin fini de dépouiller les bulletins de la présidentielle, à 99,96%, mais ont refusé de désigner un vainqueur en raison de possibles recours.
Les résultats donnent le président sortant de droite, Juan Orlando Hernandez, en tête avec 42,98% des voix, contre 41,39% à l'opposant de gauche et présentateur de télévision Salvador Nasralla.
Mais la Constitution interdit au président sortant de briguer un deuxième mandat. M. Hernandez est toutefois parvenu à obtenir une décision de la Cour suprême l'autorisant à se représenter, ses détracteurs l'accusant d'avoir pris le contrôle de cette institution.
Son opposant, Salvador Nasralla, dont les partisans sont descendus dans la rue pour crier à la "fraude" et au "vol" de cette élection, a déclaré à l'AFP qu'il ne pourra "jamais accepter" ces résultats, car "ni officiels, ni définitifs".
Une jeune femme a été tuée lors des manifestations, poussant les autorités à décréter vendredi l'état d'urgence pour dix jours.