HRW accuse le Rwanda de répression pour des litiges fonciers

Human Rights Watch accusent les autorités rwandaises d'avoir menacé, violenté et poursuivi en justice des habitants de l’ouest du pays qui se sont opposés, même modérément, à des politiques d’expropriation.

"Les autorités militaires et civiles de l’ouest du Rwanda ont arrêté, passé à tabac ou menacé des personnes qui ont contesté de récentes décisions du gouvernement visant à forcer certains habitants à quitter leurs terres", a déclaré l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un rapport.

Sur VOA Afrique, Ida Sawyer chercheuse de HRW, la répression concerne deux affaires: un ancien litige foncier à Nyamyumba, dans le district de Rubavu (nord-ouest), où les autorités locales ont forcé en novembre 2016 trente familles à quitter leurs terres agricoles au bénéfice d’une famille ayant une "revendication contestée de ces terres", selon HRW.

L’autre litige est lié à la construction d’un "village modèle" à Kivumu, dans le district de Rutsiro un peu plus au sud.

Le gouvernement rwandais s’est fixé comme objectif de créer dans chacun des trente districts du pays un "village modèle" doté de logements modernes reliés à l’eau et l’électricité.

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Ida Sawyer jointe par Nicolas Pinault

A Kivumu, des habitants ont jugé insuffisantes les indemnités offertes par le gouvernement en échange de leur expropriation et, selon HRW, certains résidents, "qui ont tenté de poser des questions ou d’exprimer des inquiétudes au sujet du processus", ont affirmé "que les autorités locales les avaient intimidés ou menacés".

Une activiste de l’opposition, Léonille Gasengayire, soupçonnée de s'être opposée à ces expropriations, a été poursuivie pour "provocation au soulèvement", avant d’être acquittée le 23 mars.

A Nyamyumba, un représentant de la communauté locale, Oscar Hakundimana, qui avait "formulé des objections à la décision du maire" d’expulser des familles, a été arrêté. Son procès pour "rébellion et provocation au soulèvement" a débuté le 28 mars 2017.

Selon HRW, des habitants qui ont protesté contre son arrestation "ont été passés à tabac".

"L’objectif du gouvernement de régler les litiges fonciers et de moderniser les villages est légitime, mais piétiner les droits des personnes les plus affectées et qui expriment leurs craintes pour leurs terres et pour leur moyens d’existence ne l’est pas", a déclaré Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à HRW.

Le Rwanda avec ses 11,7 millions d’habitants pour une superficie de 26.000 km2 est le pays le plus densément peuplé d’Afrique. La majorité de sa population dépend de l’agriculture et la terre a été une cause de tensions tout au long de l’histoire du pays, marquée en 1994 par un génocide qui a fait environ 800.000 morts essentiellement parmi la minorité tusti.

Salué pour ses résultats économiques depuis 1994, le gouvernement rwandais est régulièrement pointé du doigt pour son manque d’ouverture politique et ses atteintes à la liberté d’expression.