"Les sites religieux du soufisme sont attaqués en Libye où deux mosquées à Tripoli ont été considérablement détériorées par des inconnus au cours des deux derniers mois", a dénoncé HRW dans un communiqué.
Les intégristes s'opposent à ces sanctuaires érigés à la mémoire de saints car ces derniers font l'objet d'une "vénération" qui, selon eux, contrevient à l'unicité de Dieu, précepte fondateur de l'islam.
Le 28 novembre, à la veille de la célébration de la naissance du prophète Mahomet, "des assaillants non identifiés ont incendié Zawiyat al-Cheikha Radia, une mosquée historique à Tripoli", ajoute le communiqué.
Auparavant, une autre mosquée et site historique soufi de la capitale libyenne, Sidi Abou Ghrara, avait été détruite, selon HRW.
Des maîtres de confréries soufis, tout comme leurs disciples, sont menacés par certains groupes armés qui font la loi dans ce pays nord-africain livré au chaos depuis six ans. "Des groupes armés ont enlevé et tué des adeptes du soufisme, dont des imams, en toute impunité", déplore l'ONG.
Comme ailleurs en Afrique du Nord, le soufisme, un courant mystique de l'islam, est fondamentalement ancré dans la culture libyenne.
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, des groupes intégristes ont procédé à la destruction systématique de mausolées et de mosquées historiques, parfois classées au patrimoine mondial de l'Unesco.
"Les attaques contre les sites soufis ont commencé en octobre 2011 avec la destruction du mausolée de Sidi al-Masri à Tripoli puis la profanation de tombes" et n'ont pas cessé depuis, a rappelé HRW.
En août 2012, une partie de la bibliothèque de l'université al-Asmariya, fondée par un théologien soufi du XVIème siècle à Zliten (160 km à l'est de Tripoli), avait notamment été détruite à l'explosif.
Dar Al-Ifta, la plus haute autorité religieuse en Libye, avait affirmé à plusieurs reprises que les profanations des sépultures --musulmanes ou pas-- étaient contraires aux préceptes de l'islam, sans pour autant condamner explicitement les attaques contre les sites soufis.
Selon Eric Goldstein, directeur-adjoint de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, "les gouvernements intérimaires qui se sont succédé au pouvoir depuis 2011 (...) ont été incapables de protéger les sites soufis".