Depuis plusieurs mois, des partis et organisations de la société civile appellent chaque samedi à marcher "pacifiquement" pour une "alternance au pouvoir". Des marches interdites et violemment dispersées au moindre rassemblement, les policiers cernant sièges des partis et domiciles de leurs leaders.
Selon des témoins interrogés par HRW, "des forces de sécurité ont passé à tabac des manifestants avec des fouets, des bâtons et des matraques". "Un manifestant a également déclaré qu'il avait été soumis à des décharges électriques pendant sa détention", poursuit l'ONG de défense des droits humains dans son communiqué.
Lors de manifestations organisées par l'opposition, les forces de sécurité ont eu recours, selon HRW, à des gaz lacrymogènes et ont "procédé à l'arrestation arbitraire d' au moins 112 membres et sympathisants de partis d'opposition et d'activistes de la société civile, dont certains ont été roués de coups". HRW dénonce un "usage excessif de la force contre des manifestants" ainsi que des "traitements inhumains et dégradants et de pratiquer la torture".
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Interrogé par HRW, le ministre tchadien de la Justice, Djimet Arabi, a de son côté estimé que les forces de l'ordre avaient agi avec "professionnalisme", et que les manifestations, interdites par les autorités, "engendraient parfois de la violence (...) avec des manifestants brûlant des pneus sur diverses routes".
Le 28 février, la police et l'armée ont mené un raid meurtrier au domicile d'un candidat à la présidentielle, Yaya Dillo, durant lequel les forces de l'ordre ont tué sa mère, âgée de 80 ans, et blessé cinq autres membres de sa famille.
Les autorités ont déclaré que M. Dillo avait "opposé une résistance armée". Des témoins, interrogés par Human Rights Watch, "rejettent toutefois cette version des faits, et maintiennent qu'il n'y a pas eu de réponse armée". M. Dillo est aujourd'hui en fuite. HRW appelle les autorités tchadiennes à "enquêter d'urgence" sur ces violences.
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"Les violations des droits humains et le déni des libertés fondamentales ont miné la crédibilité de l'élection", a estimé HRW.
Pour l'élection présidentielle de dimanche, seuls six candidats sans envergure seront en lice face à M.Déby, au pouvoir depuis un coup d'Etat en 1990. Plusieurs prétendants ont annoncé leur retrait, comme l'opposant historique Saleh Kebozabo, dénonçant un "climat d'insécurité".
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a récemment "déploré le recours à la force" dans le processus électoral.