Disparu à 68 ans, il était surnommé "Hubert l'Africain", non seulement parce qu'il était né en 1952 en Ethiopie, mais aussi en raison des succès rencontrés sur les pistes du célèbre rallye-raid, qu'il a été le premier à remporter en moto (1981 et 1983) puis en auto (1992).
C'est en 1979 qu'il s'aligne au premier Paris-Dakar au guidon de la moto tout-terrain légendaire de l'époque, la Yamaha 500 XT. Il termine 7e.
L'année suivante, il revient avec une moto plus puissante qui deviendra elle aussi une légende: La BMW R80GS, l'ancêtre des "gros trails" aujourd'hui si populaires. Il est toutefois disqualifié pour s'être fait "ramasser" par un taxi-brousse après une panne.
Auriol sait qu'il tient la moto pour gagner, ce qu'il fait en 1981 puis en 1983 face à la concurrence sévère de son coéquipier, le Belge Gaston Rahier.
Autant Auriol est grand, athlétique et calme, autant "Gastounet", venu du moto-cross, est un petit teigneux. La rivalité entre les deux hommes est exacerbée, Auriol accuse Rahier de le suivre sans se préoccuper de la navigation et de le doubler juste avant l'arrivée. Il claque la porte de l'équipe BMW et Rahier remporte ensuite le Dakar en 1984 et 1985.
- Chevilles brisées -
En 1987, en tête à deux jours de l'arrivée devant Cyril Neveu (Honda), il heurte deux souches d'arbre dissimulées par le sable, tombe lourdement et remonte sur sa moto, grimaçant de douleur. A l'arrivée, il est en larmes et ne peut pas enlever lui-même ses bottes car ses deux chevilles sont brisées. Les images sont reprises par les journaux télévisés avec un Auriol tétanisé par la douleur déclarant: "Cyril est le plus fort, j'arrête la moto".
Il tient parole mais n'abandonne pas le Dakar. C'est sur quatre roues qu'il s'aligne en 1988 avant de le gagner sur Mitsubishi en 1992, pour devenir le premier pilote à triompher sur le Dakar dans les deux catégories reines. Seuls Stéphane Peterhansel et Nani Roma l'ont fait depuis.
Il passe de l'autre côté du miroir à partir de 1995, en devenant le nouveau patron du Dakar, une fonction qu'il va occuper jusqu'en 2004. C'est sous sa direction que le rallye-raid s'élance pour la première fois hors de France, depuis l'Espagne (Grenade en 1995, 1996 et 1999) et même depuis Dakar (1997 et 2000).
C'est aussi alors qu'il est aux commandes de la course que celle-ci va connaître les premières menaces terroristes qui aboutiront plus tard, en 2009, à son départ du continent africain. En 2000 notamment, Auriol est contraint de mettre en place un pont aérien afin d'éviter la traversée du Niger.
Son visage devient encore plus familier du grand public français en 2001, quand il ajoute une nouvelle corde à son arc: la télévision. Il est en effet le premier présentateur, pendant une saison, d'une émission de la télévision française devenue culte depuis, Koh-Lanta, qui propose des épreuves physiques extrêmes aux candidats.
Le goût de l'aventure, c'était le fil rouge de la vie d'Hubert Auriol. Il possède également un autre record, celui du plus rapide tour du monde effectué en avion à hélices. C'était en 1987 en compagnie d'Henri Pescarolo, Patrick Fourtick et Arthur Powell, en un peu plus de 88 heures.
En 88 heures et 49 minutes, le quatuor battait le record établi 50 ans plus tôt par le milliardaire américain Howard Hughes. Dans son autobiographie publiée en 2019 et intitulée "T.D.S.P.P" (Tout Droit Sur Piste Principale), Auriol résume son état d'esprit et ses aventures en écrivant: "Si c'est impossible, cela devient intéressant".