C’est le dernier acte avant le procès de l’affaire Thomas Sankara. Cet ancien président et père de la révolution burkinabè assassiné le 15 octobre 1987 avec 12 de ses compagnons. Depuis lors, l’affaire a trainé sur le plan judiciaire. Mais connait surtout une certaine accélération après la chute de Blaise Compaoré en 2014.
La confirmation des charges et la mise en accusation de 14 personnes a eu lieu mardi, 34 ans après les événements du 15 octobre 1987. Parmi les accusés, Blaise Compaoré, l’ancien président du Faso.
Pour le ministère public, la manifestation de la vérité n’est plus loin. "L’heure de la justice a enfin sonné. Un procès peut s’ouvrir puisque le juge a renvoyé le dossier pour le jugement. Il n’appartient plus qu’au procureur militaire de programmer la date de l’audience", s’est réjoui Me Guy Hervé Kam, avocat de la partie civile.
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Du côté de la défense, c’est la grise mine car cette décision met en difficulté leurs clients. "Nous ne sommes pas du tout satisfaits de cette décision qui a été rendue. Nous avons des moyens qui existent, mais il faut reconnaitre que c’est difficile de trouver quelqu’un de courageux qui puisse apprécier ces faits. Mais la vérité va nous rattraper assurément, ça c’est sûr", a confié Me Mathieu Somé.
"Victoire d'étape"
Les Burkinabè eux, dans leur majorité, se réjouissent de cette évolution vers la manifestation de la vérité. Selon Steeve Zampaligré, cette décision de la justice militaire est une victoire d’étape.
"Une victoire d’étape car nous attendons encore beaucoup de ce dossier car il n’est pas seulement burkinabè. C’est à peu près comme le dossier Norbert Zongo. Les deux dossiers sont des dossiers qui appartiennent au Burkina et à l’international. Nous enfants de Thomas Sankara, nous enfants du monde entier, nous voulons la vraie vérité sur la mort de Thomas Sankara", a affirmé M. Zampaligré.
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Si les commanditaires supposés de l’assassinat du capitaine Sankara sont mis en accusation, Dieudonné Ouédraogo pense que cela donnera une autre tournure au processus judiciaire.
"Le dossier Thomas Sankara a longtemps trainé et la mise en accusation aujourd’hui du principal suspect Blaise Compaoré, est un évènement. Tout le monde attendait le procès depuis le départ de Blaise Compaoré. A partir d’aujourd’hui, c’est un tournant", a-t-il affirmé.
Par contre, certaines personnes ayant été des victimes collatérales du règne du père de la révolution d'Août 83, n’en ont cure de la décision du tribunal militaire.
Ursule Hien fait partie de ce lot. "Etant moi-même une victime collatérale de la gestion utopique, malsaine, barbare et assassine du pouvoir de Thomas Sankara, je pense qu’on devrait juger d’abord tous ses meurtres et méfaits avant de vouloir juger lui-même son assassinat", a-t-elle lancé.
Il reste désormais une dernière étape à savoir celle du jugement. Les yeux sont maintenant rivés vers le tribunal militaire pour aller au bout de ce dossier.
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