Infantino veut pousser la candidature nord-américaine pour le Mondial 2026

Gianni Infantino à Niamey, au Niger, le 27 février 2017.

Un an et demi après son arrivée à la tête de la Fifa, Gianni Infantino préside à Barheïn un Congrès où il va tenter d'affermir son pouvoir et de dégager le terrain à une candidature commune USA/Canada/Mexique pour le Mondial 2026.

Concrètement, cette instance - rassemblant 211 fédérations de football affiliées - se réunit jeudi et devrait accorder au projet nord-américain une période d'exclusivité d'un an pour ficeler son dossier technique.

Puisqu'il n'existe aucun autre candidat officiellement déclaré, si le ticket USA/Canada/Mexique répond aux exigences techniques, il sera alors entériné dans un an lors du prochain congrès, selon une source proche de la Fifa. Une façon d'écarter les velléités d'autres candidatures, comme celle un temps évoquée du Maroc. Mais cette gestion ne manquerait pas de soulever des critiques sur l'absence de réel processus ouvert de candidatures.

Avant d'être soumise au vote du Congrès jeudi, cette proposition doit être adoptée par le Conseil de la Fifa réuni mardi après-midi à Bahreïn.

Le Mondial 2026, qui nécessite de solides infrastructures dans des pays en bonne santé économique, sera le premier à se disputer à 48 équipes, contre 32 aujourd'hui.

Cet élargissement voulu par Infantino, qui permet d'attribuer des places supplémentaires à chaque confédération, a été largement promu par les fédérations nord-américaines qui avaient au préalable fortement contribué à l'élection de l'Italo-Suisse en février 2016.

Lanceurs d'alerte

Au-delà du Mondial-2026 se discute déjà en coulisses l'attribution de la Coupe du monde 2030 que l'Uruguay, associée à l'Argentine, se verrait bien organiser, 100 ans après le tout premier Mondial disputé à Montevideo.

A moins que la Chine et ses immenses moyens et ambitions ne rafle la mise, ce que la Fifa, après avoir modifié son règlement, autoriserait même si le Mondial-2022 se tient déjà dans un pays de la Confédération asiatique, le Qatar.

Après avoir soutenu ou adoubé les nouveaux présidents de plusieurs confédérations, dont le Malgache Ahmad Ahmad porté en mars à la tête du foot africain après les 29 ans de règne du Camerounais Issa Hayatou, Gianni Infantino, déjà en campagne pour sa réélection en 2019, veut aussi asseoir son pouvoir durant ce Congrès.

Le sort des deux magistrats présidents de la Commission d'éthique, le tribunal interne chargé de suspendre des membres, sera ainsi observé à la loupe. Déjà mis en cause par des lanceurs d'alerte en début de mandat, le président Infantino est désormais soupçonné par certains d'ingérence dans l'élection d'Ahmad.

Selon le porte-parole de la chambre d'instruction de cette Commission d'éthique, aucune procédure formelle n'a été ouverte contre Infantino, ce qui n'exclut cependant pas une enquête préliminaire.

"Finances solides"

Concernant les finances de l'instance, loin d'être florissantes -369 M USD (336,7 M EUR) de pertes en 2016- en raison notamment des frais de justice, du retard dans la signature de contrats de droits marketing et de télévision et de la hausse des aides versées aux fédérations, Infantino ne devrait pas être mis en difficulté.

"En dépit de ce que certaines personnes essaient d'écrire ou de dire, les finances de la Fifa sont extrêmement solides", a pris soin de déclarer lundi le successeur de Blatter. Le Suisse, suspendu et mis en examen, avait laissé 1,5 md USD de réserves dans lesquelles Infantino a déjà largement puisé, tout en promettant de les reconstituer.

Il est normal que la Fifa enregistre des pertes pendant trois ans puis des gains les années de Coupe du monde, "c'est comme ça que notre modèle économique fonctionne", a-t-il affirmé. La Fifa touche de fait l'essentiel de ses ressources les années Mondial.

Les présidents des fédérations africaines ne risquent pas de mettre Infantino en difficulté, eux qui ont obtenu lundi de la part de leur Confédération une mesure totalement inédite, le versement d'un salaire annuel de 20.000 USD par an, pris sur les subventions de la Fifa.

Il devrait en être de même avec les "légendes" du football, Maradona, Cafu, Valderrama, Trezeguet ou encore Okocha, qu'Infantino invite à grands frais à chacune de ses sorties pour redire que "le football est de retour à la Fifa et la Fifa de retour au football".

Avec AFP