"Le monde subit en ce moment les effets débilitants de l'inégalité dans les modèles de production mondiale. Alors que l'ingéniosité humaine a produit plusieurs vaccins contre le Covid-19 sûrs et efficaces, l'inertie humaine et l'égocentrisme des Hommes ont sévèrement limité l'accès à ces vaccins pour de nombreuses personnes dans le monde", a déclaré M. Ramaphosa.
S'adressant en ligne à une table ronde organisée par l'Organisation mondiale du commerce sur la pandémie et les échanges commerciaux, le président sud-africain a vigoureusement défendu le principe d'une suppression temporaire des protections de la propriété intellectuelle face au Covid.
"L'adoption d'une dérogation limitée dans le temps, telle que proposée par l'Afrique du Sud et l'Inde - et désormais soutenue par de nombreux pays dans le monde - est urgente si nous voulons sauver des millions de vies", a-t-il dit.
"L'OMC a un rôle central à jouer pour lever les obstacles liés au commerce et à la propriété intellectuelle afin de stimuler et de diversifier la production de vaccins, de tests de dépistage et de produits thérapeutiques", a-t-il soutenu.
Sur proposition de l'Inde et de l'Afrique du Sud, l'OMC débat âprement depuis 2020 d'une exemption des droits de propriété intellectuelle sur les vaccins et autres traitements anti-Covid, pour les rendre plus accessibles.
Ce principe, soutenu par l'Organisation mondiale de la santé et des ONG, est férocement combattu par les géants pharmaceutiques et certains pays européens, qui soulignent que des accords de production entre entreprises sont possibles et se multiplient, y compris en Afrique.
En juillet dernier, BioNTech et Pfizer ont par exemple conclu un accord avec le sud-africain Biovac pour la production de vaccins Covid-19 au Cap.
Un accord à l'OMC semble toutefois difficile à obtenir, les décisions étant prises à l'unanimité.
Mais la pression demeure, et nombreux sont ceux qui espèrent que les pays parviennent à s'entendre sur certains points lors de la 12e conférence ministérielle de l'OMC qui doit se tenir du 30 novembre au 3 décembre à Genève.
"Le système commercial doit faire davantage pour réduire l'iniquité vaccinale", a déclaré la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, en jugeant "moralement inacceptable" qu'à peine 4% des gens soient entièrement vaccinés en Afrique, contre près de 60% dans les pays riches.
"C'est pourquoi il est si important d'obtenir des résultats à l'OMC dans les semaines qui restent avant notre 12e conférence ministérielle", a-t-elle dit.