Dès les premières heures de la journée, le centre spécialisé de prise en charge des patients atteints de Covid-19 est pris d’assaut par des familles qui campent à l’extérieur dans l’attente des nouvelles de leurs proches admis en hospitalisation.
Une remontée drastique du nombre de patients
"Sur 100 personnes qui entrent ici, 95 sont guéries, il faut noter que la prise en charge est globale et gratuite aux frais de l’Etat, le ministère nous fournit tout jusqu’à l’alimentation", confie à VOA Afrique, Dr Hermine Abessolo, infectiologue et directrice adjointe du centre dont la capacité d’accueil est de 300 lits.
En février dernier, 25 patients sont décédés dans le centre en question en une semaine. Durant le mois de mars, la courbe ne s’est point inversée.
"On a l’impression d’être dans une boucherie quand vous voyez les corps qu’on ne fait que sortir de là", commente un visiteur témoin des mises en bière en série.
Effets du burn out
A sa mise en fonction, le centre de prise en charge dit ancien Orca a été érigé en une annexe de l’hôpital central de Yaoundé. Avec pour vocation, accueillir les patients de Covid-19 de la région du Centre. Aujourd’hui, des malades d’autres régions du Cameroun y arrivent, ce qui a augmenté le volume de travail.
La journaliste blogueuse Olive Atangana a mené une enquête dans ce centre. Elle a constaté que "le personnel est en train de vivre un burn out, le centre est saturé, les médecins n’arrivent plus à tenir, le personnel n’a pas réellement d’équipements. Certes le gouvernement a essayé au début de mettre à leur disposition du matériel, mais aujourd’hui ce n’est plus vraiment ça, ils n’ont pas de primes".
Le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, relativise certains points de ce constat. Il précise que "la première motivation pour un fonctionnaire ce n’est pas le gain financier, c’est la reconnaissance du travail, le Président de la république a prorogé l’âge du départ à la retraite du personnel de santé, a félicité à deux reprises ce personnel, mais nous avons également donné des motivations financières dans la mesure du possible".
Le cercle vicieux
Les familles continuent à croire que l’attitude du personnel de ce centre inquiète au regard de la qualité de prise en charge des patients. Une dame sous anonymat dénonce ce qu’elle appelle, "un cercle vicieux où on ne vous renseigne en rien, on vous laisse dans le doute et l’ignorance totale".
Sur plus de 1.602 cas hospitalisés depuis juin 2020, le centre a enregistré au 18 mars dernier, 133 décès. Dr Bonaventure Hollong, le directeur du centre spécialisé, mentionne que "certaines personnes décédées sont arrivées dans un état très critique au centre".
Le directeur soutient que le centre, doté du meilleur plateau technique de la ville, est bel et bien à la hauteur des attentes des populations.