Intenses combats au Mali : au moins 12 morts dans les rangs de la CMA

Rebelles touareg dans le Nord-Mali (fév. 2012)

Des combats lundi dans le nord du Mali entre membres d'un groupe armé progouvernemental et la rébellion à dominante touareg ont fait plusieurs morts, affrontements dénoncés par l'ONU comme une violation de l'accord de paix signé récemment par les protagonistes

C'est le troisième jour de violences entre la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion) et le Groupe armée d'auto-défense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako dans la région de Kidal (extrême nord-est).

Le Gatia et la CMA font partie des signataires de l'accord de paix conclu à Alger, signé le 15 mai par le gouvernement malien et ses groupes alliés, puis le 20 juin par la rébellion.

Fahad Ag Almahmoud, un responsable du Gatia, a parlé à l'AFP de "15 morts dont des chefs militaires" du camp adverse tandis qu'une source de sécurité au sein de la Minusma a évoqué "au moins dix morts et de nombreux blessés".

Le Gatia a en outre fait état d'"une dizaine de prisonniers" dans les rangs des rebelles, auxquels ont aussi été pris sept pick-up, deux véhicules blindés, et d'importantes quantités d'armes et de munitions, selon Ag Almahmoud, précisant que la bataille avait "temporairement cessé" lundi en milieu d'après-midi.

Il n'a pas précisé les dates de la capture de ces prisonniers et de la prise de ces engins. La CMA a confirmé les combats, sans énoncer de bilan.

Les affrontements de lundi se sont déroulés vers Anéfis, à 120 km au sud-ouest de la ville de Kidal, selon les deux camps ainsi qu'une source de sécurité étrangère dans la région et une source au sein de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), interrogés par l'AFP.

Selon une source à la Minusma, ils font suite à des "escarmouches" samedi et dimanche entre les deux camps, qui se sont accusés mutuellement d'avoir déclenché les hostilités.

Samedi, des heurts avaient eu lieu vers Touzik et Amassine (entre 70 et 80 km au sud de Kidal). Dimanche, ils s'étaient ensuite déplacés sur l'axe Tabankort-Anéfis, selon un communiqué de la Minusma.

La mission onusienne a condamné ces combats menés "en violation flagrante" de l'accord d'Alger, conclu à l'issue de plusieurs mois de médiation internationale conduite par l'Algérie.

"Le nombre croissant de violations préoccupe vivement la communauté internationale ainsi que la population et risque d'entraver les avancées effectuées vers une paix stable et durable pour le Mali", pays qui a connu plusieurs rébellions touareg depuis son indépendance de la France en 1960, a averti la Minusma.

Les Etats-Unis ont de leur côté appelé dans un communiqué "à relâcher les prisonniers et à se conformer" à l'accord de paix.

"Nous sommes très inquiets pour la suite, surtout qu'il semble que c'est de l'armement lourd qui est utilisé de part et d'autre", a déclaré une source de sécurité étrangère dans la région.

"En période d'hivernage", a-t-elle indiqué pour expliquer le regain de tensions, "de nombreuses routes sont impraticables dans le Nord pour l'organisation des trafics illicites. L'une des rares routes praticables se trouve vers le secteur" des combats.

Selon elle, ce sont "donc aussi des combats pour le contrôle d'une route qui sert à organiser les trafics illicites".

A l'issue des combats de lundi, le Gatia a affirmé s'être emparé d'Anéfis, qui était auparavant entre les mains de la rébellion touareg. Ce qu'ont confirmé la source de sécurité au sein de la Minusma et un élu local proche du Gatia.

"Actuellement, les mouvements de la Plate-forme (qui réunit des groupes progouvernementaux) contrôlent la ville de Anéfis, la tension reste très vive dans le secteur", a déclaré la source de sécurité au sein de la Minusma.

"Les combats sont terminés actuellement. Ce sont les groupes de la Plate-forme qui contrôlent Anéfis", a précisé l'élu local.

Les rebelles touareg ont d'abord été alliés aux islamistes qui, les ayant ensuite évincés, ont contrôlé le nord du Mali de fin mars-début avril 2012, jusqu'au déclenchement en janvier 2013 d'une intervention militaire internationale.

Cette opération a en grande partie chassé et dispersé les jihadistes de cette région mais plusieurs zones du pays échappent encore au contrôle des forces nationales et internationales.

Avec AFP