La commission de contrôle de l'organisation policière internationale a décidé le 19 octobre d'effacer de son fichier les informations concernant l'homme d'affaires franco-mauritanien Mohamed Ould Bouamatou et son proche collaborateur Mohamed Debagh.
Saisie d'un recours de ces deux hommes, la commission "considère qu'il y une dimension politique prédominante dans cette affaire", selon la décision consultée par l'AFP.
M. Bouamatou et M. Debagh sont visés depuis le 31 août 2017 par un mandat d'arrêt de la justice mauritanienne pour des soupçons de corruption.
Le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz accuse l'homme d'affaires d'avoir financé en 2017 un groupe de sénateurs qui a mené une fronde contre le référendum constitutionnel ayant mené à la suppression du Sénat.
"M. Ould Bouamatou n’a jamais caché qu’il soutenait légalement l’opposition mauritanienne, notamment financièrement, afin de favoriser la démocratie en Mauritanie, ce que la commission d’Interpol a bien pris en compte", ont déclaré les avocats William Bourdon et Elyezid Ould Yezid dans un communiqué, saluant une "décision historique".
"On rappellera que ces mandats d’arrêt ont eu également pour dessein d’empêcher monsieur Mohamed Ould Bouamatou de se présenter le cas échéant à une élection en Mauritanie, de soutenir un autre candidat mais également de soutenir l'opposition", alors que le président Abdel Aziz a annoncé vouloir briguer un troisième mandat.
Mohamed Ould Bouamatou, fondateur du groupe BSA et de la banque GBM, est depuis plusieurs années en rupture avec le dirigeant mauritanien - son cousin - qu'il avait soutenu durant sa campagne présidentielle de 2009. Il a quitté la Mauritanie en 2011 et vivrait désormais en France.
A la demande des pays, Interpol diffuse des "notices rouges", qui ne sont pas des mandats d'arrêt internationaux, mais un moyen par lequel l'organisation informe qu'un mandat d'arrêt a été délivré par une autorité judiciaire d'un de ses membres.
M. Bouamatou est par ailleurs visé par une plainte à Paris pour des soupçons de blanchiment en France, déposée en juin par des associations qui l'accusent d'opérations immobilières douteuses, sur la base d'informations fournies par les autorités mauritaniennes.
Avec AFP